«Trop puissants» : le colistier de Trump, JD Vance, veut «démanteler» des géants de la tech, dont Google

Berceau des géants technologiques américains et traditionnel bastion du camp démocrate, la Silicon Valley s’attire régulièrement les foudres de Donald Trump et de ses soutiens. Dans une interview accordée au Financial Times, le colistier du candidat républicain, JD Vance, a exprimé son souhait de «démanteler» certaines grandes entreprises de la tech mondiale. «Beaucoup des grandes entreprises devraient être démantelées afin de promouvoir l'innovation», a déclaré le politicien, ancien sénateur de l’Ohio, avant de cibler plus spécifiquement Google. Selon lui, la firme créée en 1998 par Larry Page et Sergey Brin est «beaucoup trop grande, beaucoup trop puissante». «Nous verrons ce qu’il en sera en 2025», a-t-il conclu, laissant entendre que ces entreprises pourraient être effectivement régulées si Donald Trump venait à remporter la présidence des États-Unis face à Kamala Harris en octobre.

Avec de tels propos, le colistier de Donald Trump (qui deviendrait donc son vice-président en cas de victoire républicaine), n’est pas loin de la ligne défendue par Lina Kahn, cette juriste nommée par Joe Biden à la tête du Federal Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence. Surnommée l’adversaire des Gafam, elle n’a eu de cesse de dénoncer la position dominante de ces géants technologiques et de menacer ces derniers de démantèlement. Son combat contre les pratiques anticoncurrentielles de ces géants numériques semble avoir porté ses fruits. Début août, Google a été reconnu coupable par un juge de Washington de pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche, notamment via des contrats l'imposant comme logiciel par défaut sur des appareils, une décision dont il va faire appel. Selon le New York Times, cette condamnation pourrait aboutir à plusieurs scénarios, dont une dissociation du système d'exploitation mobile Android du reste des activités de l'entreprise.

Règlements de compte

Reste que les attaques de la galaxie Trump vis-à-vis des Gafam sont souvent politiques, voire personnelles. L’ancien président des États-Unis avait ainsi vilipendé Google début août à propos d’une prétendue «censure» exercée par le moteur de recherche après sa tentative d’assassinat. Donald Trump entretient également des relations plus que houleuses avec Mark Zuckerberg, le célèbre patron de Facebook. Selon Politico, le candidat républicain à la Maison Blanche s’apprête à épingler ce dernier dans son livre «Save America», dont la parution est prévue le 3 septembre aux États-Unis. Donald Trump s’estime victime d’un complot orchestré par Mark Zuckerberg, selon lui responsable de la prétendue «fraude électorale» qui aurait abouti à sa défaite en 2020. Et ce, car le milliardaire californien a contribué à financer, par des dons, les infrastructures électorales américaines. 

Les volontés de régulation ou de «démantèlement» évoqués par le camp Trump sont donc à prendre avec des pincettes. D’autant que l’ancien magnat des affaires compte aussi des soutiens de poids dans la Silicon Valley. Pourfendeur de Google, JD Vance a pourtant passé 5 années en Californie , d’abord comme dirigeant d'une start-up dans les biotechnologies puis en tant qu’investisseur en capital-risque dans différents fonds. Ce «tech bro» («frère ami de la tech», NDLR) a permis de consolider l’influence de Trump dans cette terre traditionnellement acquise au parti démocrate. Outre le soutien désormais bien connu d’Elon Musk, le sulfureux patron de Tesla et de X, Donald Trump s’est également attiré les sympathies de David Markus (ancien président de Paypal), des frères Winklewoss (entrepreneurs dans la cryptomonnaie), ou encore des incontournables investisseurs en capital-risque Marc Andreessen, Ben Horowitz ou David Saks. Reste à savoir comment Trump, s’il est élu, conciliera ces nouvelles amitiés et son désir de redessiner le paysage de la tech américaine.