La CFDT ouvre la porte à une participation des «pensionnés les plus aisés» pour financer le système de retraite

Difficile de dire sur quoi déboucheront les discussions sur les retraites. Dans un conclave aux conclusions de plus en plus incertaines, Marylise Léon, la cheffe de file de la CFDT, tente malgré tout de sauver un accord. Et pour sortir par le haut de ces discussions désertées par FO, la CGT, et l’U2P, la syndicaliste ouvre la porte à de nouvelles pistes de réflexions. Sur le sujet explosif de la participation des retraités à l’effort de financement du système par exemple.

«Je suis d’accord avec l’idée qu’il faut un partage des efforts auprès de tous ceux qui le peuvent, les actifs mais aussi ceux déjà à la retraite, a-t-elle avancé dans les colonnes de La Tribune dimanche. Bien entendu, il ne s’agit pas de demander un effort à ceux qui sont au minimum vieillesse ou qui ont du mal à boucler les fins de mois, mais aux pensionnés les plus aisés.» Cette nouvelle position du syndicat fait écho à celle de Patrick Martin. Il y a quelques jours, le dirigeant du Medef estimait qu’on «ne pourra pas balayer ce sujet d’un revers de la main». Rappelant que le décalage de l’indexation des retraites de quelques mois, proposé par Michel Barnier, n’a finalement pas été retenu dans le budget 2025, le représentant assurait vouloir «poser la question de l’abattement fiscal de 10% sur les retraites ou encore la hausse de la CSG pour les retraités.» «La question des 10 % d’abattement dont bénéficient les retraités se regarde…», a prudemment abondé Marylise Léon ce dimanche.

Un sujet tabou au gouvernement

La porte est ouverte donc, d’autant plus que certains partenaires sociaux qui dénonçaient cette mesure ont finalement claqué celle du conclave. La CGT y voit par exemple «une ligne rouge». «Il y en a assez que ce soit toujours les mêmes qui doivent passer à la caisse, s’est insurgé Sophie Binet ce vendredi 21 mars au micro de RTL. Nous aimerions entendre le patron du Medef nous parler des dividendes exorbitants qui sont versés aux actionnaires, des profits des grandes entreprises qui n’ont jamais été aussi élevés».

Côté gouvernemental, le sujet reste inflammable. En janvier dernier, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet avait provoqué un tollé en proposant que certains retraités participent au financement de la sécurité sociale et du grand âge. «C’est à discuter, ça peut être 2000 euros (de pension par mois), 2500 euros», avait-elle alors avancé, appelant par ailleurs à «arrêter de voir les retraités comme un bloc homogène». D’abord soutenu par Bercy, le cabinet de la ministre avait finalement dû reconnaître une «position personnelle» sous la pression de Matignon. Deux mois plus tard, bien aventureux celui ou celle qui remettrait cette proposition à l’ordre du jour au gouvernement. Si cette mesure devait figurer dans l’accord final du conclave, François Bayrou serait pourtant bien obligé de la considérer, au risque de s’attirer les foudres des partenaires sociaux déjà échaudés par son ingérence dans les discussions.