L'absence d'annonce sur des élections au Mali est une "mauvaise surprise" pour Moussa Mara

Dans ses voeux à la Nation prononcés le 31 décembre, le chef de la junte au pouvoir au Mali, Assimi Goïta, n'a pas évoqué la tenue d'élections, initialement prévues en 2022. "Nous avons été désagréablement surpris qu’il n’ait pas mentionné une fois le mot "élections" ou le mot "retour à l’ordre constitutionnel", réagit l'ancien Premier ministre malien Moussa Mara sur France 24. L'ancien président du parti Yéléma estime qu’il s’agit d’une "impasse" et que "la majorité des Maliens est favorable à la tenue des élections et au retour à l'ordre constitutionnel". 

En novembre dernier, les hommes forts de Bamako avaient pourtant évoqué des préparations en vue d’élections qui mettraient fin au régime actuel, sans préciser d’échéance.

En 2022, la junte dirigeante s'était initialement engagée à céder la place aux civils dès mars 2024. "Nous savons qu'il y a des acteurs au sein des autorités qui ne veulent évidemment pas que nous organisions des élections," estime Moussa Mara.

Interrogé sur les propos du Premier ministre récemment démis Choguel Maïga qui a dénoncé "une gouvernance par la peur", Moussa Mara regrette "qu’il semble avoir découvert ces réalités seulement après avoir été limogé."    

"On n'installera jamais la paix au nord de notre pays par les armes"

Dans le nord du pays, l'armée nationale combat des rebelles à dominante touareg, désormais regroupés dans un nouveau Front de libération de l'Azawad. Leur objectif est de créer un État indépendant. 

"Grâce à l'action des forces armées et de sécurité, les groupes rebelles sont dans une posture beaucoup plus difficile qu'il y a quelques temps," note d'abord Moussa Mara, rappelant notamment la libération de la ville de Kidal. Il considère toutefois qu'"on ne pourra pas régler cette question de la rébellion par la force armée. La guerre ne résout pas le problème. Il faut qu'il y ait un processus de paix et des discussions claires avec les groupes armés".

Depuis 2015, les relations entre ces groupes étaient régies par les accords d'Alger, accords dont la junte s'est retirée en janvier 2024, accusant l'Algérie d'ingérence dans les affaires maliennes.

Le 1er janvier, le Mali a de nouveau dénoncé la "persistance des actes d'ingérence" d'Alger, accusé de soutenir des "groupes terroristes" au Mali.

"Quand les autorités algériennes, régulièrement, commentent et vont jusqu’à faire des suggestions à nos autorités, je comprends la réaction" de celles-ci", réagit Moussa Mara.

L'ancien Premier ministre appelle de ses vœux "des discussions avec les groupes rebelles pour offrir une alternative à l'accord d'Alger", y compris avec les organisations jihadistes.  

"On n’installera jamais la paix au nord de notre pays par les armes", conclut l'ancien Premier ministre d'Ibrahim Boubacar Keïta.