REPORTAGE. Guerre en Ukraine : Crèmes anti-âge, cosmétiques, soins capillaires... Les produits de beauté, une autre manière de résister
L'Ukraine a ordonné de nouvelles évacuations dans la région de Soumy samedi 31 mai, en raison des "bombardements". De son côté, la Russie a affirmé avoir pris le contrôle du village de Vodolagy, près de la frontière russe dans cette même région de Soumy. En temps de guerre, prendre soin de soi est un acte de résistance, notamment dans ce pays où la beauté des femmes slaves est culturellement très valorisée.
La boutique Lullaby, enseigne de cosmétiques ultra-chic, au centre commercial haut de gamme de Kiev, a ouvert l’an dernier, en pleine guerre. "Prendre soin de soi", dit la vendeuse, "ça fait du bien moral".
"Le stress, ça donne des rides"
"Actuellement, les crèmes anti-âge sont très demandées. Le stress, ça donne des rides, les femmes veulent les masquer. Et puis les soins capillaires, ça, c'est obligatoire ! Elle vend des produits très "premium" : une crème coute par exemple 200 euros.
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Mais des clientes "premium", il y en a, comme Sasha, un chien miniature dans les bras. Elle assure dépenser chaque mois des sommes astronomiques, avec l’argent de son mari. Elle lit ce qui écrit sur son tatouage : "Tout simplement : 'vis ta vie'. Il est lié à la guerre, à cette situation. Ça veut dire qu'il faut ressentir cette vie à un milliard de pourcents", rapporte Sasha.
"À cause de toutes les frappes, l'air est pollué, donc elles achètent beaucoup de produits pour les cheveux"
Une vendeuse à Kievà franceinfo
Un peu plus loin, Tetyana, 23 ans, robe moulante sur corps parfait, se maquille avec application devant son miroir de poche. Ses deux parents sont militaires. "Il faut se faire plaisir, bien manger, être belle. Si on ne pense qu’à la guerre, on va devenir folles !", estime la jeune femme.
"S'il faut, je sauterai un repas, mais je ferai mes soins"
Ambiance moins glamour à Sloviansk, dans l’est du pays. En ville, les militaires sont aussi nombreux que les habitants. Et pourtant le salon de coiffure est plein. Iryna, la tête dans le bac à shampoing, n’imagine pas renoncer à son rituel de beauté. "Ça m’évite de tomber en dépression. Ça m’aide à m’organiser, ça structure la journée. Le matin, je me lève, je m’occupe de ma coiffure, de mon maquillage et c’est parti !", dit-elle.
Svetlana, comptable, les ongles qui brillent, dit à peu près la même chose : "S’il faut, je sauterai un repas, mais je ferai mes soins". Rester belle est peut-être un héritage culturel, disent ces femmes, mais c’est aussi une manière de survivre en attendant la paix.