Municipales 2026 : à Marseille, la candidature annoncée de Frédéric Collart embarrasse la droite

Le titre de l’interview se veut clair et sans équivoque. «Je suis candidat», clame Frédéric Collart dans une pleine page de La Provence . Après le lancement de son mouvement politique l’an dernier, le chirurgien cardiaque confirme ses ambitions pour les élections municipales, lui qui a même suivi un cursus universitaire à Sciences Po pour mieux endosser le costume de maire en 2026.

«Je m’en fiche d’être élu, affirme-t-il auprès du Figaro. Je veux prendre les problèmes de ma ville à bras-le-corps. Et la seule solution, pour cela, c’est de pouvoir incarner une large union à droite et au centre. Cette interview ne fait que confirmer ce que je dis depuis un an». Après avoir constitué une équipe autour de lui, Frédéric Collart est pour l’heure le premier et le seul candidat déclaré de la droite et du centre pour ravir les clés de la mairie à Benoît Payan. Une candidature qui a d’abord suscité un certain agacement dans le microcosme politique marseillais.

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En effet, depuis plusieurs mois, les élus de la droite et du centre se préparent en coulisses à la candidature d’une autre personnalité politique, plus connue sur la Canebière : celle de Martine Vassal, présidente du département et de la métropole. «L’élection municipale est une élection de proximité et Martine Vassal a démontré son travail à travers ses mandats à la tête de la métropole et du département, plaide Sylvain Souvestre, maire LR des 11e et 12e arrondissements. Le candidat à la mairie doit être l’incarnation de quelqu’un qui a fait ses preuves. En termes de travail sur le terrain et de présence, entre Frédéric Collart et Martine Vassal, il n’y a pas photo...»

La crainte de la division

Aussi, certains semblaient attendre un renoncement rapide de Frédéric Collart, de crainte de revivre le spectre de la division, comme en 2020. Aux dernières élections municipales, face à la gauche, la droite s’était en effet déchirée dans un duel fratricide entre deux candidats, Bruno Gilles et Martine Vassal, sur fond de guerre de succession à Jean-Claude Gaudin. Mais à six mois des élections municipales de 2026, Frédéric Collart est toujours dans la course, tandis que Martine Vassal a confié la semaine dernière à la presse «réfléchir de plus en plus» à une candidature.

«Moi, je suis plus motivé que jamais», insiste Frédéric Collart. De là à se présenter y compris contre Martine Vassal ? La crainte est réelle chez les cadres de la droite marseillais, plutôt circonspects. «Cette interview crispe chez nous», croit savoir l’un d’eux. «Il faut rappeler que Frédéric Collart a été élu conseiller départemental et conseiller métropolitain avec Martine Vassal et qu’il siège au conseil d’arrondissement dans la majorité de Martine Vassal, tient à souligner Sylvain Souvestre. Si Frédéric Collart veut faire honneur à celle grâce à qui il a été élu, il vaut mieux qu’il nous rejoigne...» «Ça reste une aventure personnelle, estime Laure-Agnès Caradec, présidente de la fédération des Républicains des Bouches-du-Rhône. Il n’appartient pas à un parti et il ne regroupe pas les tendances larges de la droite et du centre. C’est compliqué d’exister avec une candidature qui ne représenterait pas des partis et des mouvements locaux. Il est un peu isolé.»

«Frédéric Collart a toujours dit que si la présidente se présentait, soit il la rallierait, soit si le projet ne lui correspond pas, il arrêterait d’être candidat», souligne-t-on dans l’entourage de Martine Vassal. Avant d’ajouter : «Après, il fera peut-être l’inverse. Nous lui faisons confiance, mais ce n’est pas le premier qui nous mentirait....» «Ce qu’il a dit dans La Provence, ce n’est pas très correct, abonde une cadre de la droite marseillaise. Tu ne peux pas nous dire que tu n’es pas candidat et le lendemain dire le contraire dans la presse. On voit qu’il a vite appris les côtés pourris de la vie politique en racontant n’importe quoi. » «On ne sait pas très bien ce qu’il fait, ce garçon, s’agace Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et chef de file régional de Renaissance. Alors nous, on continue et on verra bien. S’il veut la jouer comme Yvon Berland (candidat Renaissance contre Martine Vassal en 2020, NDLR), je ne vois pas bien l’intérêt...»

«J’ai peut-être été maladroit dans ce que j’ai dit dans l’interview», tempère Frédéric Collart, qui précise dans le quotidien régional qu’il entendait officialiser sa candidature en décembre prochain. «Mais je ne présenterai ma candidature que si je suis en capacité d’avoir une union large derrière moi, car, autrement, le risque de favoriser les extrêmes est beaucoup trop important. Si je n’ai pas le soutien de l’ensemble des partis politiques, je ne vais pas faire une candidature isolée. Ce n’est pas mon objectif.»

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Ce samedi, un grand rassemblement de la droite et du centre est prévu dans le centre-ville de Marseille à l’initiative d’Une génération pour Marseille, un collectif d’élus cofondé par le directeur de cabinet de Renaud Muselier, Romain Simmarano. Déjà absent à la première édition l’an dernier, Frédéric Collart ne sera de nouveau pas présent, retenu, selon ses dires, pour des raisons personnelles.