Robert Redford, le dernier élégant de Hollywood

C’est une image mythique. Robert Redford pose dans un studio de Londres, main dans les poches, Aviator sur le nez, un bout de son col de chemise dépassant d’un pull passé sous un blazer et un jean bootcut. Nous sommes au milieu des années 1970, mais l’on pourrait croire que la photo a été prise hier sur le set d’un catalogue pour la marque de costumes chic Husbands. Preuve ultime s’il en est que le style Redford, s’il n’est pas aussi souvent cité en exemple que celui de Steve McQueen, James Dean, Marlon Brando, Marcello Mastroianni, ou d’Alain Delon de notre côté de l’Atlantique, n’a pas pris une ride.

Car le Californien, décédé ce 16 septembre à 89 ans, incarnait mieux que quelconque le style américain dans toutes ses dimensions. Ni rebelle ni dandy comme certains de ses contemporains, il jouait mieux que personne avec un look preppy, classique sans fioritures, juste ce qu’il faut de débraillé, avec une attitude (et une allure) folle.

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Qu’est-ce qui le rend si unique, quand la formule stylistique, faite de pièces on ne peut plus classique, n’a rien d’exceptionnelle? Sans nul doute ce physique bien plus avantageux que la moyenne, sublimant la plus simple des chemises blanches, le chino ou la veste en tweed. « Il est quasiment impossible de parler de Robert Redford sans mentionner sa beauté, souligne Lawrence Schlossman, l’un des deux membres du podcast de mode masculine Throwing Fits. Son physique sans pareil l’a sans aucun doute aidé à devenir cet ambassadeur international du style américain, avec ce mélange intemporel de raffinement et d’un côté plus rugueux... Finalement, un peu comme son visage!» 

Redford, le dandy de Gatsby en 1974 FilmPublicityArchive/United Arch

À l’écran, on ne compte plus les rôles mythiques dans lesquels il fait étalage de toute sa classe et son élégance. Le look western de Butch Cassidy & le Kid, avec sa moustache et sa veste en velours côtelé (incroyablement moderne encore aujourd’hui). L’inimitable caban à col relevé des Trois Jours du Condor, souvent imité mais jamais égalé. La chemise savamment déboutonnée et cravate posée nonchalamment autour du cou des Hommes du Président, une leçon d’élégance décontractée.

Redford, le cool américain des années 1970, avec Dustin Hoffman dans Les Hommes du Président en 1976 Getty Images

Le look smoking canadien (veste et pantalon en denim) du Cavalier électrique, qu’on a sans doute vu épinglé sur le moodboard du rappeur américain Post Malone et de sa marque Post Austin, voire du défilé western de Pharrell Williams chez Vuitton. Au fil de ces rôles, Redford a montré aux hommes qu’il était possible de s’habiller sans renoncer à la virilité, qu’il était possible d’incarner le cool sans trop en faire. Des titans de la mode américaine, comme Ralph Lauren, lui doivent beaucoup. C’est cet héritage stylistique qu’il laisse, et qui devrait continuer d’inspirer pendant longtemps des générations de cinéphiles... Et de fans de mode masculine.