Israël suspend l’aide humanitaire pour Gaza

L’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza est à nouveau menacé. Israël a bloqué dimanche jusqu’à nouvel ordre l’entrée des centaines de camions transportant l’aide humanitaire destinée aux habitants de l’enclave. Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, a ainsi voulu sanctionner le Hamas pour avoir rejeté un plan de l’Administration de Donald Trump sur une extension de la trêve des combats.

Sur le papier, la première étape de l’accord sur un cessez-le-feu de 42 jours devait prendre fin ce dimanche après la libération de 33 otages israéliens enlevés par le Hamas, et de près de 2000 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Lors d’une deuxième étape, les deux parties avaient convenu de libérer les 59 otages vivants ou morts encore détenus par le Hamas, et des milliers de prisonniers palestiniens, ainsi que d’un retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza.

Mais les négociations sont restées au point mort. Les deux parties se sont lancé des accusations mutuelles de violations de l’accord. Pour tenter d’éviter une reprise des combats, Steve Witkoff, le conseiller spécial pour le Moyen-Orient de Donald Trump, a présenté un plan d’extension de la trêve jusqu’à la mi-avril, après le mois de ramadan et les célébrations de Pessah, la Pâque juive. Aux termes de cette proposition, les 59 otages encore détenus, dont 24 sont supposés être vivants, devaient être libérés en deux fois, à condition qu’un accord sur un cessez-le-feu permanent intervienne.

Une éventuelle réoccupation de secteurs de la bande de Gaza

Le Hamas a rejeté cette proposition et dénoncé « une violation flagrante de l’accord, un crime de guerre ». En revanche, Benyamin Netanyahou s’est empressé de la reprendre à son compte tout en prévenant que, si le Hamas persistait dans son refus, il subirait « d’autres conséquences ». Selon des médias israéliens, à titre d’avertissement, Tsahal s’est livré à des entraînements ces derniers jours le long de la frontière, en vue d’une éventuelle réoccupation de secteurs de la bande de Gaza. Cette tension s’est aussi soldée dimanche par une attaque de drone israélienne dans le nord de l’enclave au cours de laquelle quatre Palestiniens ont été tués.

Dimanche, l’Arabie saoudite et l’Égypte ont condamné la décision de bloquer l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, la qualifiant de «violation flagrante» de l’accord de trêve et déplorant une «punition collective». Le chef de l’ONU Antonio Guterres a appelé au rétablissement «immédiat» de l’aide humanitaire.

Afin de faire pression sur le Hamas, le bureau de Benyamin Netanyahou a affirmé dans un communiqué que l’accord de cessez-le-feu prévoyait qu’Israël « pourrait reprendre les combats si l’impression prévaut que les négociations s’avèrent inefficaces. Cette disposition est soutenue dans une lettre d’accompagnement de la précédente Administration américaine et a obtenu le soutien de l’Administration Trump. » Pour répondre préemptivement à d’éventuelles critiques sur la scène internationale, les responsables israéliens ont assuré que les stocks alimentaires accumulés dans la bande de Gaza étaient suffisants pour tenir cinq à six mois.

Ce durcissement d’Israël se fait également sentir sur un autre front. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a menacé samedi soir d’une intervention militaire israélienne en Syrie contre les forces de Damas, si elles devaient s’en prendre à la communauté druze de ce pays.