Lycée Maurice Ravel : le proviseur menacé de mort évoque sa «sécurité» pour justifier son départ
Une nouvelle omerta dans l’Éducation nationale ? Le proviseur de la cité scolaire Maurice Ravel dans le vingtième arrondissement parisien a quitté ses fonctions le vendredi 22 mars après avoir reçu de nombreuses menaces de mort sur internet pour avoir demandé à une élève d’enlever son voile, en février.
Si le rectorat évoque pudiquement un «départ anticipé» à la retraite, l’ex-proviseur a pour sa part justifié son retrait en évoquant dans un courriel envoyé sur la messagerie interne sa «sécurité» et de celle de «l’établissement». «J’ai finalement pris la décision de quitter mes fonctions de proviseur par sécurité pour moi, et pour l’établissement, peut-on lire dans ce message révélé par l'Humanité, et confirmé par Le Figaro. Je pars après sept ans, riches et intenses passés à vos côtés, mais aussi après 45 ans dans l’éducation nationale…».
Quelques années après la mort de Samuel Paty, décapité par un terroriste islamiste après avoir montré des caricatures du prophète Mahomet en classe, ou encore cinq mois après l’assassinat de Dominique Bernard, professeur de français à Arras également tué au couteau par un ancien élève de son établissement radicalisé, ce départ a provoqué un coup de semonce au sein de l’Éducation nationale.
«Petites lâchetés et des grands renoncements»
Si le rectorat tente de minimiser l’affaire, de nombreux internautes et plusieurs figures politiques de la droite française ont déjà réagi sur les réseaux sociaux en fustigeant «des petites lâchetés et des grands renoncements», comme l’a écrit Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Avant d’ajouter : «Voilà à quoi aboutit le “pas de vague”». Cette expression, utilisée sur les réseaux sociaux par des professeurs qui dénonçaient les violences dans les établissements et le manque de soutien de leur hiérarchie, était apparue en octobre 2018, au lendemain de la diffusion d’une vidéo montrant un lycéen de Créteil braquant en pleine classe une arme sur son enseignante.
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, est allé plus loin en considérant que le «gouvernement était incapable de protéger nos écoles». «Après les assassinats de S. Paty et D. Bernard par des islamistes, un proviseur démissionne menacé de mort pour avoir fait respecter la laïcité», a-t-elle déploré.