La sensation du début de saison
Le réservoir du Stade Toulousain, club le plus titré du rugby français (24 boucliers de Brennus et 6 Champions Cup), semble inépuisable. Le club haut-garonnais, triple champion de France en titre, est réputé depuis longtemps pour la qualité de sa formation. Et, en ce début de saison, c’est le jeune Kalvin Gourgues, seulement 20 ans et éblouissant au centre de l’attaque des Rouge et Noir, qui crève l’écran. Explosif, impitoyable dans les duels, redoutable pour faire jouer après lui. Celui qui a commencé le rugby à Grenade-sur-Garonne, à 30 km au nord de Toulouse, impressionne par ses qualités athlétiques et son aisance balle en main. Perfectionniste, il n’hésite jamais à pointer ce qui ne va pas dans son jeu, ce qu’il aurait pu mieux faire.
«Chaque minute sur le terrain, c’est juste un moment de bonheur. Je n’essaie pas de surjouer quand je joue pour essayer d’être vu à tout prix. J’essaie juste de jouer simple. Et de profiter», a-t-il confié à nos confrères d’Actu Rugby . Sa prestation, dimanche dernier face à l’UBB, a été magistrale : il a inscrit le premier essai de sa carrière avec Toulouse, mais il a également établi les records du match en termes de courses (12) et de mètres gagnés (104). Ajoutez à cela 11 plaquages, 3 défenseurs battus et 15 passes distribuées. Et aucun ballon perdu. Masterclass.
Onze mois sans jouer à cause d’une artère bouchée
L’an dernier, le jeune Kalvin Gourgues a connu une saison blanche. Onze mois sans jouer. Il a en effet été victime d’une blessure plutôt rare pour un sportif de haut niveau : un problème de circulation, avec un caillot de sang tenace qui revenait dans son artère poplitée (partie postérieure du genou). Il a dû être opéré trois fois (2023, 2024 et 2025) et les chirurgiens lui ont «créé» une nouvelle artère. «J’avais des symptômes un peu courants, on va dire. D’abord des crampes au niveau du pied. Après, c’était une insensibilité au niveau des orteils. Après, plus ça allait, plus ça prenait tout le membre, donc le pied, après un peu le bas de la cheville. Et il faut y faire attention», avait-il expliqué dans La Dépêche du Midi . Et d’ajouter : «On m’a pris une veine dans la cuisse qu’on a suturée à la place de ma partie d’artère qui était trop endommagée.» Une opération réussie, qui lui a permis de reprendre son ascension fulgurante. Après onze mois sans jouer.
Un nouveau couteau suisse pour les Rouge et Noir
Le Stade Toulousain possédait déjà dans son arsenal un couteau suisse avec l’Argentin Juan Cruz Mallia, capable d’évoluer à quasiment tous les postes de la ligne arrière. Ugo Mola et ses adjoints en ont désormais un deuxième avec Kalvin Gourgues qui peut évoluer à l’ouverture, au centre ou à l’arrière. C’est d’ailleurs avec le numéro 15 qu’il avait connu ses premières titularisations avec Toulouse, face à Clermont puis Perpignan en 2024. C’est également à l’arrière qu’il a disputé la petite finale du dernier Mondial U20 perdue contre l’Argentine. Mais, cette saison, c’est au poste de centre où il a crevé l’écran lors de ses trois titularisations face l’Usap, Castres et Bordeaux. Un profil polyvalent précieux pour ses entraîneurs.
Entouré d’un «environnement sain»
L’éclosion au plus haut niveau de Kalvin Gourgues, pur produit de la formation rouge-et-noire, n’est pas une surprise pour ses entraîneurs. Notamment pour David Mélé, entraîneur adjoint du Stade Toulousain qui l’a connu chez les Espoirs. «J’espère qu’il va continuer à performer de la sorte parce que c’est un vrai bosseur, qui a envie d’apprendre et qui demande beaucoup aux anciens, a expliqué le technicien haut-garonnais, ancien numéro 9 désormais en charge des skills. Il ne se pose pas de question, il ne réfléchit pas. Enfin attention, il réfléchit sur le terrain parce qu’on voit qu’il prend très souvent les bonnes décisions, mais il ne pense pas aux conséquences, il prend du plaisir.»
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Le jeune trois-quarts toulousain a également expliqué, à Actu Rugby, que ses proches et son entourage lui permettent de garder la tête froide. De ne pas s’enflammer. «Je n’ai jamais été dans un cadre personnel où j’ai été idolâtré, et cela m’a fait garder les pieds sur terre. Oui, je suis encouragé, mais ça en reste là. Quand certains commencent à avoir de la notoriété, ils se prennent pour d’autres. Je n’ai jamais été éduqué comme ça et je ne le deviendrai jamais. Tout mon environnement est sain, et ça m’aide vachement», raconte celui qui suit une formation BPJEPS rugby (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport).
Galthié l’a dans ses petits papiers
la tournée automnale du XV de France - contre l’Afrique du Sud, les Fidji et l’Australie - approche à grands pas. Et Fabien Galthié et ses adjoints vont devoir composer sans Yoram Moefana, le centre de l’UBB, qui s’était affirmé la saison dernière comme un incontournable au centre de l’attaque tricolore. Dans une interview récemment accordée à Sud Ouest, le sélectionneur des Bleus a listé plusieurs joueurs en devenir que lui et son staff suivent de près. Parmi eux, on retrouve le pilier Emerick Setiano et le troisième-ligne Esteban Capilla qui évoluent à l’Aviron Bayonnais, mais aussi l’ouvreur Ugo Seunes (Racing 92) et l’ailier Gaël Dréan (Toulon). Et, pour le poste de centre, Fabien Galthié a cité deux noms : Fabien Brau-Boirie, qui brille avec la Section Paloise, et... Kalvin Gourgues. Deux pépites bientôt associées en équipe de France ?