«Elles deviennent du bétail» : les modèles OnlyFans et Mym, des jeunes femmes qui se marchandent à prix d’or entre «agents»
Fin 2022, Kristine*, alors âgée de 27 ans, reçoit un message d’un homme sur Instagram. «Il me proposait de gagner 30.000 euros par mois. J’étais dans une phase vulnérable de ma vie et il me fallait un revenu donc je me suis dit “pourquoi ne pas commencer”», se remémore l’influenceuse, en voyage au Japon au moment de notre échange. Des chasseurs de têtes, souvent très jeunes, démarchent des créatrices de contenus sur les réseaux sociaux. Ils proposent de les accompagner dans la publication de vidéos intimes sur les plateformes MYM et OnlyFans. Sur ces sites, l’un français et l’autre anglais, les jeunes femmes proposent des vidéos payantes à leurs clients, moyennant un abonnement mensuel. Si MYM et OnlyFans mettent en avant la présence de contenus sportifs ou de cuisine, il s’agit surtout de publications érotiques et pornographiques, qui ne cessent de se multiplier à travers le monde. Un business florissant qui génère plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires en regroupant les résultats des deux plateformes.
Ces intermédiaires cherchent ainsi à obtenir leur part du gâteau et se placent entre les plateformes et les créatrices. Surnommée «l’OFM», pour «OnlyFans management», cette activité consiste à gérer les comptes de productrices de contenu, moyennant finance. En plein essor depuis la crise du Covid-19, l’OFM manque de garde-fous pour protéger les jeunes femmes, qui tombent dans les griffes de certains prédateurs. Ces créatrices, souvent en détresse financière, se retrouvent à marchander leur corps et à franchir leurs limites pour espérer gagner toujours plus d’argent. Cet appât du gain, promu par ces agences, conduit de très jeunes femmes à se dénuder devant leur smartphone. Un cercle sans fin qui mène parfois au pire.
Kristine a fait confiance à un homme «très mielleux durant les premières semaines», qui lui promettait monts et merveilles. Elle s’inscrit sur MYM et produit des contenus érotiques et pornographiques. Les engagements sont tenus dans les premières semaines, avec des revenus qui s’élèvent à 35.000 euros…