Discours de politique générale : visualisez l’envolée spectaculaire de la dette française, fustigée par François Bayrou
Près de 2450 milliards d’euros en un quart de siècle : c’est l’alourdissement spectaculaire de la dette publique française, entre début 2000 et la fin d’année dernière. Une somme colossale, qui étrangle les finances publiques de l’Hexagone, et limite d’autant la marge de manœuvre des gouvernements successifs. Signe de l’importance de ces enjeux, le nouveau premier ministre, François Bayrou, a abordé ce sujet dès les premières minutes de son discours de politique générale, prononcé ce mardi à l’Assemblée nationale.
«Depuis la guerre, la France n’a jamais dans son histoire été aussi endettée qu’elle l’est aujourd’hui», s’est inquiété le chef de l’exécutif. Et ce dernier d’enchaîner sur un résumé rapide de la folle envolée de la dette tricolore, depuis les années 2000. Sous Jacques Chirac a commencé «une descente que rien ne semble pouvoir arrêter», a-t-il évoqué. Par la suite, l’endettement a accéléré, s’alourdissant de «25 points de produit intérieur», sous Nicolas Sarkozy, puis de «10 points» sous François Hollande, et «12 points» depuis 2017. «J’affirme que tous les partis dits de gouvernement ont une responsabilité dans la situation créée ces dernières décennies. Et j’affirme que tous les partis d’opposition, demandant sans cesse des dépenses supplémentaires, ont dansé aussi le tango fatal qui nous a conduits au bord de ce précipice», a ensuite tancé le premier ministre.
53,2 points de PIB et 2450 milliards d’euros en plus en un quart de siècle
Les chiffres communiqués par l’Insee sont éloquents. Établi à 60,5% du PIB au premier trimestre 2000, l’endettement de la France est resté sous la barre des 69% jusqu’en 2007. Les crises financière et bancaire sont ensuite passées par là, faisant s’envoler le taux tricolore : celui-ci a ainsi bondi de 66,8%, début 2008, à 91,2%, début 2012. Une flambée de 25 points de PIB, comme l’a annoncé François Bayrou. L’arrivée de François Hollande a poursuivi cette tendance, la dette ayant augmenté d’exactement dix points entre cette période et mi-2017 - 101,2%. Et, depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la dette a suivi une évolution en deux temps. D’abord, une stabilisation, puis une décrue progressive, faisant baisser le taux jusqu’à 98,2%, fin 2019. Ensuite, une explosion, puis une stabilisation à un niveau très élevé, alors que l’État multipliait les dépenses du «quoi qu’il en coûte» pour protéger l’Hexagone face aux crises qui percutaient le pays.
Comme son prédécesseur éphémère Michel Barnier, François Bayrou souhaite désormais s’attaquer à cet Everest qui menace l’avenir de la France. «Cette dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social», a-t-il plaidé. Les chiffres donnent, il est vrai, le tournis : la dette a franchi le cap de 1000 milliards d’euros en 2003, de 2000 milliards dix ans plus tard, et de 3000 milliards en 2023. Une progression de 2058 milliards d’euros en 17 ans particulièrement inquiétante. C’est peu dire que la tâche s’annonce ardue. Le maire de Pau souhaite y faire face, en multipliant notamment «des économies importantes», ainsi qu’un «puissant mouvement de réforme de l’action publique». Encore faut-il que le budget soit voté, et rapidement.