En Argentine, les députés votent des pouvoirs accrus au président Javier Milei
En Argentine, les réformes dérégulatrices du président ultralibéral Javier Milei ont franchi mardi 6 février une nouvelle étape au Parlement, où les députés ont approuvé le principe de "pouvoirs délégués" à l'exécutif pour un an, au nom de "l'urgence économique".
La Chambre des députés a entamé l'examen épineux, par moments article par article, de l'ambitieuse loi dite "Omnibus", initialement 660 dispositions visant aussi bien l'économie, le commerce, la culture, le pénal, la culture... Projet au fil des semaines détricoté à environ 300 articles.
Les députés ont d'abord approuvé mardi le premier article, principe fondateur posant "l'urgence en matière économique, financière, sécuritaire, tarifaire, énergétique et administrative" du pays.
Puis, après des heures de débat enflammé, ils ont validé, par 134 voix contre 119, la "délégation de pouvoirs" à l'exécutif pour un an renouvelable, qui lui permet de légiférer par décrets, moyennant information régulière et contrôle à posteriori du Parlement.
Une avancée mais pas une garantie
Le vote est une avancée pour l'exécutif, qui a dû faire maints compromis sur le texte pour former des alliances ad hoc, tant le parti de Milei, La Libertad Avanza (LLA), est minoritaire à la Chambre basse (troisième force avec 38 sièges sur 257). Ainsi, il avait dû abandonner tout un pan de réformes fiscales du texte initial.
Mais le vote de mardi ne garantit en rien que le projet de loi passera, dans les prochaines semaines, l'écueil du Sénat, où le parti de Milei est en position plus précaire encore (7 sénateurs sur 72).
Au nom de "l'urgence" économique, la loi entend "limiter toute intervention étatique qui ne soit nécessaire à l'exercice des droits" des Argentins. Et vise une "liberté des marchés impulsant l'interaction spontanée de l'offre et de la demande comme mode de (...) réactivation de l'économie".
"Chaque faculté déléguée (à l'exécutif) est un micro-coup d'État !" a lancé le député de gauche radicale Christian Castillo, lors du débat sur les "pouvoirs délégués". "Nous craignons une démocratie faible, qui concentre sur une seule personne des possibilités d'extorsion (...) et finit par nous laisser tous sans défense", a argumenté Paula Oliveto, députée d'opposition modérée (centriste), dont le bloc avait pourtant voté vendredi le principe "général" de la loi.
Les députés pro-Milei ont plaidé que des "facultés déléguées", n'ont rien d'exceptionnel, et ont déjà été votées dans un passé récent, y compris sous des exécutifs péronistes (centre-gauche) de Nestor puis Cristina Kirchner, et d'Alberto Fernandez.
Les députés poursuivaient mardi soir l'examen dans le détail de la "Loi omnibus", avec des points hautement contentieux où l'opposition modérée entend exiger des modifications, comme les privatisations (entre 30 et 40 entreprises visées), ou la répartition de ressources État/provinces.
Avec AFP
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Je m'abonneEmportez l'actualité internationale partout avec vous ! Téléchargez l'application France 24