XV de France : «animaux sauvages», «étranglement», «risque de fuite»... Ce que l’on sait de l’arrestation d’Auradou et Jégou en Argentine
Quel est le point de départ de l’affaire ?
Lundi soir en Argentine, le média MDZ révèle qu’une femme a porté plainte dimanche à Mendoza pour agression sexuelle contre deux joueurs de l’équipe de France de rugby, actuellement en tournée en Amérique du Sud. L’information est rapidement confirmée par une source judiciaire à plusieurs médias, dont l’AFP et L’Equipe.
Mardi matin, Florian Grill, président de la Fédération française de rugby (FFR), assure ne pas avoir «encore tous les détails» puisqu’il vient d’arriver à Buenos Aires, où se trouve le groupe France. Il confirme toutefois, à l’occasion d’une conférence de presse improvisée, l’identité des deux joueurs mis en cause : Oscar Jegou et Hugo Auradou.
Les deux rugbymen, titulaires lors du premier match des Bleus face à l’Argentine samedi soir (28-13), ont été arrêtés par la police sur demande du procureur et doivent être transférés vers Mendoza (centre-ouest), lieu de l'agression présumée. Les Bleus devaient partir mardi pour Montevideo, où ils affronteront l'Uruguay mercredi, avant de revenir à Buenos Aires pour rencontrer à nouveau l'Argentine samedi.
Quels sont les faits ?
L’agression présumée aurait eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, dans la foulée du match Argentine-France, au Diplomatic Hotel de Mendoza, où logeaient joueurs et staff lors du test contre les Pumas.
Le récit qu’en fait MDZ est glaçant. Le média argentin raconte que la victime et les deux rugbymen se sont rencontrés dans un bowling samedi soir, quelques heures après le match Argentine-France remporté par les Bleus (28-13). C’est à l’hôtel, au petit matin dimanche, que se sont produits les événements rapportés. MDZ rapporte que les examens médicaux effectués ont fourni des «preuves concluantes». Outre les accusations d’agression sexuelle, la femme aurait été «étranglée et battue».
Une source confie au média argentin qu’il s’agissait d’une «scène sauvage digne d’animaux, avec beaucoup de violence». La force du récit de la victime et le risque de fuite, dû au déplacement prévu en Uruguay, ont poussé la police et la justice à agir dans l’urgence. Martin Ahumada, porte-parole du parquet de Mendoza, a déclaré que «si les résultats concordent avec le témoignage de la victime, l'acte d'accusation sera délivré».
Qui sont Oscar Jégou et Hugo Auradou, les joueurs impliqués ?
Oscar Jégou et Hugo Auradou ont été retenus pour la première fois dans le groupe France à l'occasion de la tournée d'été en Amérique du Sud. Tous deux étaient titulaires samedi face à l'Argentine, à l’occasion de leur première sélection.
À lire aussiRugby : qui sont Oscar Jégou et Hugo Auradou, les deux joueurs du XV de France arrêtés en Argentine ?
Jégou, 21 ans, a fait toute sa jeune carrière à La Rochelle, sa ville de naissance, et évolue au poste de troisième-ligne aile. Il a été suspendu un mois le 21 novembre dernier par l'Agence française de lutte contre le dopage après un contrôle positif à la cocaïne. Les faits s'étaient déroulés dans la foulée du match Montpellier-La Rochelle du 20 août, comptant pour la première journée de Top 14.
Auradou, 20 ans, évolue depuis 2020 sous les couleurs de la Section paloise en Top 14, au poste de deuxième-ligne. Il est le fils de l'international français David Auradou (41 sélections), champion de France en 2003 avec le Stade Français au côté de... Fabien Galthié, qui a offert au fils sa première sélection samedi soir.
Qui a réagi ?
Lors de sa conférence de presse improvisée à l’hôtel à Buenos Aires, Florian Grill, président de la FFR, a eu une «pensée pour la jeune femme». «Si les faits sont avérés, ils sont incroyablement graves, a-t-il déclaré. C'est à l'inverse de tout ce que le rugby est, de tout ce que le rugby fait, de tout ce que le rugby construit (...) mais il faut laisser l'enquête, qui est nécessaire, se dérouler.» «Le rugby est anecdotique, tout le reste est accessoire, a-t-il ajouté. L'enchaînement est dramatique.»
Amélie Oudéa-Castéra a réagi mardi matin au micro de RTL, pour exprimer un «mélange de consternation, de désarroi, de colère et d'inquiétude». La ministre des Sports «veut évidemment d'abord avoir une pensée pour la victime présumée» mais insiste sur la nécessité de «mieux comprendre les circonstances, de mieux comprendre ce qu'il s'est passé». L’enquête permettra de «confronter les versions». Et de conclure : «Les joueurs sur place ont une version très différente selon ce qui m'a été transmis par Florian Grill.»
Les clubs des deux joueurs arrêtés ont également publié des communiqués mardi matin. Le Stade rochelais, où évolue Oscar Jégou, assure avoir été «informé par voie de presse» de son arrestation, mais refuse d'en dire plus : «En l'absence totale d'information directe sur la procédure en cours, le Club s'abstiendra pour le moment de tout commentaire.»
La Section paloise, club d’Hugo Auradou, n'en dit pas beaucoup plus. L’équipe béarnaise se dit «dans l'attente d'éléments plus précis de la Fédération Française de Rugby et des premières conclusions de l'enquête en cours, indispensable à ce stade. Dans cette attente, la Section ne fera pas de commentaires».
Pourquoi le contexte était déjà brûlant autour du XV de France ?
Cette nouvelle affaire intervient au lendemain de la mise à l’écart du groupe de Melvyn Jaminet pour des propos racistes dans une vidéo parue dimanche. «Le premier arabe que je croise sur la route je lui mets un coup de casque», déclare l’arrière du RC Toulon (25 ans, 20 sélections) qui se filme dans cette courte vidéo non datée, postée en story sur Instagram et depuis supprimée.
La polémique avait déclenché une vague d’indignations. Toulon avait immédiatement condamné les propos et s’en était désolidarisé. La FFR avait exclu avec effet immédiat le joueur et lancé une enquête interne pour «faire toute la lumière sur la tenue de ces propos d'une extrême gravité et prendre les mesures appropriées».
Amélie Oudéa-Castéra avait salué sur X une «réaction rapide et adaptée à l'effroi que suscitent les propos de Melvyn Jaminet». Et la ministre des Sports d'ajouter : «Tolérance ZERO contre le racisme».