Laura Cahen et Hugues Aufray chante Bob Dylan, découvrez les albums de la semaine du Figaro

Laura Cahen, De l’autre côté

Déjà le troisième album de cette jeune femme qui n’est plus vraiment une promesse mais pas encore une tout à fait une confirmation. Ce qui ne saurait tarder étant donné la qualité de ce disque.

Après Nord en 2017 et Une fille en 2021, Laura Cahen amplifie les espoirs placés en elle avec beaucoup de maestria. Elle n’a bien sûr rien perdu de sa délicatesse et de sa douceur mais semble plus affirmée sur cet album aux accents souvent incandescent. Pour le tisser, elle est allée voir de l’autre côté de la Manche, au pays de la pop qui l’a tant inspirée. Elle a choisi d’y travailler avec le réalisateur et multi-instrumentiste Mike Lindsay et y a trouvé une co-compositrice de haute volée, Josephine Stephenson.

Ensemble, ces trois complices ont signé un disque qui fait la part belle à une instrumentation organique, aux accents délicieusement rétrofuturistes. Sur fond de dystopie, elle y narre le parcours de deux amoureuses en résistance, dansant sous les bombes en attendant le déluge. Avec, en majesté, la voix haut perchée de Laura Cahen qui évoque parfois le timbre de Kate Bush, tout comme son excentricité. Laura Cahen ne craint pas d’être elle-même, ce qui confère une véritable félicité à ce disque capiteux et évanescent à la fois. Avec en son cœur un véritable plaidoyer pour l’égalité et la préservation de l’environnement. Dans toutes les acceptions du terme, de l’être aimé à la planète entière, avec gourmandise et énergie. 

Hugues Aufray chante Bob Dylan : 1965 - 2009

La sortie imminente du film de James Mangold, Un parfait inconnu , qui chronique les premières années de la carrière de Bob Dylan, vient rappeler que notre Hugues Aufray national a été le premier Français à se pencher sur le répertoire du génie, auréolé du prix Nobel de littérature en 2016. 

Après l’avoir entendu dans un club de Greenwich Village dès 1961, Aufray s’était alors mis en tête d’importer ses chansons et de les faire connaître au public français. C’est avec l’éminent Pierre Delanoé qu’il s’était attelé aux traductions des paroles révolutionnaires de Dylan, et aussi Jean-Pierre Sabar aux arrangements. 

Un premier album, sorti en 1965, avait nettement contribué à leur diffusion, un an avant le premier concert parisien de Dylan. Trente ans plus tard, l’année où Dylan enregistrait l’émission Unplugged, Aufray remettait ça, avec d’autres titres du maître, et, cette fois, sans le concours de Delanoé. Puis, en 2019, il décide de partager ce répertoire avec des invités comme Johnny Hallyday, Arno ou Jane Birkin. Les deux hommes ne se sont jamais perdus de vue : Aufray ne manque pas un concert parisien de son ami américain. Il lui devait bien cette anthologie, qui marque plus de 60 ans de compagnonnage entre l’octogénaire du Minnesota et le nonagénaire francilien.