Narcotrafic : après la permission de sortie d’un détenu de Vendin-le-Vieil, sa mère placée en garde à vue

Après la permission de sortie de Ouaihid Ben Faïza qui a créé la polémique, la famille du détenu de Vendin-le-Vieil fait de nouveau parler d’elle. La mère de l’ancien baron de la drogue de Seine-Saint-Denis condamné en 2012, ainsi que ses deux neveux, ont été interpellés lundi dans leur appartement de La Courneuve, a appris Le Figaro de source policière confirmant une information du Parisien .

Selon les premiers éléments, ces arrestations n’auraient aucun lien avec la brève sortie du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) dont a bénéficié ce même jour Ouaihid Ben Faïza pour se rendre à un entretien d’embauche près de Lyon.pour se rendre à un entretien d’embauche près de Lyon. Lundi en fin d’après-midi, la police menait une opération antistup dans la cité de 4000 de La Courneuve quand un chien de la brigade cynophile a marqué deux appartements pour des odeurs de drogue.

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«Jusqu’ici, rien d’extraordinaire sauf que les résidents de ce logement sont de la famille de Ouaihid Ben Faïza», l’un des 100 narcotrafiquants considérés comme les plus dangereux incarcérés sous le régime strict du QLCO de Vendin-le-Vieil, remarque notre source policière. Lors de la fouille, les agents ont découvert 400 grammes de résine de cannabis et 10.000 euros, dont une partie était cachée sur la mère de Ouaihid Ben Faïza. Cette dernière, ainsi que ses deux neveux qui étaient présents sur place ont été placés en garde à vue.

Un lourd passif dans le trafic de drogues

Avant d’être incarcéré à Vendin-le-Vieil, l’homme de 52 ans a régné avec sa famille au début des années 2000 sur le trafic de drogue en Seine-Saint-Denis, et plus particulièrement au pied de la tour HLM Balzac, leur fief de La Courneuve. D’origine tunisienne, cette fratrie de dix enfants a eu d’importants démêlés avec la justice. En 2003, pour s’imposer sur le réseau, l’un des benjamins du clan, Sofiane Ben Faïza, alors âgé de 13 ans, a tiré une balle dans le dos de l’un de leurs adversaires, Kamel Houmani, 16 ans, paralysé à vie.

Afin d’apaiser le quartier, le clan Ben Faïza aurait ensuite scellé un accord avec les Houmani, cédant des halls d’immeuble pour dealer dans la cité des 4000, racontait Le Figaro  en 2012. En parallèle, l’aîné de la fratrie, Ouaihid Ben Faïza, déjà condamné à trois ans de prison en 1996, puis à six ans en 2003 notamment pour trafic de stupéfiants, est de nouveau interpellé. Avec son frère Sofiane, il est soupçonné d’être à la tête d’un réseau «très structuré».

Lors des perquisitions, les policiers découvrent «un appartement muré [qui] servait de lieu de préparation de la drogue», rapporte alors une source proche du dossier au Parisien. «Près de 90 kg de résine et 21 kg d’herbe de cannabis avaient été saisis, ainsi que des véhicules de luxe. Une compteuse à billets et près de 60 téléphones portables, un gilet pare-balles, une arme de poing et un gyrophare de la police avaient aussi été découverts.»

Cette décision, c’est «envisager une libération anticipée» selon son avocate

Jugés en 2012 devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, Ouaihid Ben Faïza est condamné à huit ans de prison et son frère de 24 ans écope de six ans. Incarcéré à la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), il fait de nouveau parler de lui à l’occasion d’une spectaculaire évasion deux ans plus tard. Le 4 juin 2014, il est extrait de la prison pour subir un examen médical de routine à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis.

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C’est lors de ce rendez-vous qu’un commando armé de quatre à cinq individus, armes et bombes lacrymogènes aux poings, a débarqué, menaçant le personnel avant de libérer le prisonnier puis de prendre la fuite dans un véhicule utilitaire. La voiture sera retrouvée brûlée dans la foulée. Ouaihid Ben Faïza est interpellé deux semaines plus tard, au Blanc-Mesnil, devant l’hôtel où il se cachait.

En début de semaine, sa permission de sortie s’est déroulée sans encombre. Le but, défend son avocate Me Marie Violleau, est d’anticiper et d’accompagner la sortie de prison du quinquagénaire, libérable en 2029. «Soit on attend la fin de la peine et on vous aura coupé de la possibilité de récupérer une vie professionnelle et on espère que vous ne retomberez jamais. Soit on anticipe parce qu’on considère que le fait de vous accorder la possibilité d’aller travailler» protège de la récidive grâce à la réinsertion professionnelle. Cette décision, c’est «envisager une libération anticipée, contrôlée et maîtrisée par l’autorité judiciaire», a déclaré la pénaliste.