Gers : les agriculteurs en colère après le départ du «meilleur préfet de tous les temps»

Gers : les agriculteurs en colère après le départ du «meilleur préfet de tous les temps»

Le préfet Laurent Carrié à Marseille le 21 octobre 2021. NICOLAS TUCAT / AFP

Laurent Carrié, en poste dans le Gers depuis un an, est appelé à de nouvelles fonctions à l’Élysée. Dans un contexte de hausse des tensions dans la filière agricole, la Coordination rurale a fait part de son incompréhension.

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«On nous arrache le meilleur préfet de France de tous les temps». La Coordination rurale gersoise n’a pas mâché ses mots suite à l’annonce le 13 novembre du départ du préfet du Gers Laurent Carrié pour l’Élysée. Ce dernier, qui avait pris ses fonctions en août 2023, occupera à partir du 25 novembre prochain le poste de «Conseiller territoires», selon des informations de Contexte . 

Cette mutation a fortement déplu au syndicat agricole, qui a réagi avec colère à cette annonce. «Une fois de plus, nous ne pouvons que constater l’incompétence totale de nos décideurs parisiens, à vouloir gérer un pays ! Arrivé seulement depuis le 21 Août 2023, on nous arrache le meilleur Préfet de France de tous les temps ? Peut-être que les parigots n’aiment pas voir un préfet au chevet de ses agriculteurs comme l’est Laurent Carrié ??? Un Préfet, à l’écoute, sur le terrain, qui dialogue, et va au bout des dossiers, pour ses agriculteurs ???», tance le groupe dans un post Facebook. 

En un an et trois mois d’exercice, le haut fonctionnaire avait notamment contribué à l’avancement de plusieurs dossiers important dans le Gers. Il avait ainsi relancé la modernisation de l’abattoir d’Auch, lui évitant ainsi sa fermeture, et avait porté le dossier d’aménagement de la RN124, qui relie Toulouse au Gers en desservant Auch. 

Mobilisations agricoles attendues dans la semaine

Ce départ intervient dans le contexte d’une recrudescence des tensions dans le monde agricole, sur fond de débats sur le Projet de loi de finances 2025. La filière redoute également la signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays latino-américains réunis dans le Mercosur. Arnaud Rousseau, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a lancé un appel à la mobilisation nationale à partir de lundi 18 novembre. 

De son côté, la Coordination rurale du Fers a lancé un appel dès le 5 novembre dernier à «tous les agriculteurs gersois à se mettre à jour dans leur ferme, à finir de semer et à se mobiliser à Auch, mardi 19 novembre prochain, pour demander un ultime sursaut du gouvernement» dans un communiqué publié sur Facebook. Face à cette montée des tensions, Laurent Carrié s’était dit conscient d’une colère qui «monte en puissance» dans un entretien publié dans la Dépêche le 13 novembre. «Depuis mon arrivée, l’agriculture est ma priorité. Face à cette tension, à cette colère et ces inquiétudes, je me félicite du dialogue permanent qu’on a pu mettre en place avec les organisations professionnelles agricoles et les représentants du monde agricole», avait-il cependant tenu à rappeler, affirmant notamment que le versement des acomptes des aides PAC avait été tenu dans sa globalité. Le préfet s’était également dit «mobilisé jusqu’à la dernière minute» dans les colonnes du quotidien occitan. 

Le poste de «Conseiller territoires» n’est pas inconnu de Laurent Carrié. Il avait en effet déjà été nommé à cette fonction, à Matignon, en 2019 auprès du cabinet d’Edouard Philippe puis de Jean Castex. Originaire de Toulouse, il avait auparavant officié comme secrétaire général aux Affaires Régionales (SGAR) de la Haute-Garonne. Il avait également occupé le poste de préfet délégué à l’égalité des chances des Bouches-du-Rhône, où il avait été chargé, entre autres, de la mise en œuvre du plan «Marseille en grand», vaste programme de revitalisation de la cité phocéenne destiné à améliorer les conditions de vie des Marseillais.