Doublement des franchises médicales : les patients ne viennent pas chez le médecin "pour le plaisir", souligne la médecin Mady Denantes

Les patients ne viennent pas chez le médecin "pour le plaisir", souligne jeudi 30 octobre sur France Inter la médecin généraliste Mady Denantes, alors que le gouvernement veut responsabiliser les Français en les faisant payer davantage leurs soins. Dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, défend le doublement des franchises médicales payées par les patients, qu'elle préfère appeler "forfaits de responsabilité".

Le gouvernement propose de doubler le montant des franchises médicales, c'est-à-dire de passer le reste à charge du patient de un à deux euros par boîte de médicaments et de deux à quatre euros la consultation. Mady Denantes s'oppose à ce système de franchises. Cela "va contre les principes fondateurs de la Sécurité sociale", estime-t-elle.

"Les principes fondateurs, c'est deux jambes : je cotise en fonction de mes moyens et je reçois en fonction de mes besoins. Là, tout d'un coup, on va demander quatre euros par consultation à tout le monde."

Mady Denantes, médecin généraliste

à France Inter

Mady Denantes a signé, avec trois autres médecins, une tribune dans Le Monde mercredi pour s'opposer à l'argument de la responsabilisation des patients qu'ils qualifient de "leurre".

"L'accès aux médecins est compliqué"

"Aujourd'hui, l'accès aux médecins est compliqué et je n'ai jamais vu de gens qui viennent chez le médecin pour le plaisir. On a des gens qui ont des pathologies complexes, qui ont peut-être besoin de plus de rencontres, de plus de contact avec les soignants mais ça fait partie du soin", décrit la médecin. "La responsabilité, elle est aux professionnels de santé et on en est fier, estime-t-elle, c'est nous les responsables de nos prescriptions, pas nos patients". Et dans son cas, "je ne prescris pas trop, j'essaye de prescrire au mieux", dit-elle.

Pour faire des économies, la médecin estime qu'il est préférable de fusionner les complémentaires santé dans la Sécurité sociale, afin de fusionner la gestion des dossiers. Une mesure qui rapporterait 5 milliards d'euros d'économies, selon le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM).