Droits de douane : Donald Trump annonce un accord avec Séoul et fait de l'Inde sa nouvelle cible
Nouveau motif de satisfaction pour le président américain. Donald Trump a déclaré mercredi 30 juillet avoir trouvé un accord commercial avec la Corée du Sud, prévoyant l'application de 15 % de droits de douane aux produits coréens entrant aux États-Unis.
"Nous sommes parvenus à un accord sur des droits de douane de 15 % pour la Corée du Sud", a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social, soulignant que Séoul s'est engagé à investir 350 milliards de dollars aux États-Unis. Avec cet accord, la Corée du Sud échappe ainsi à la menace initiale de Donald Trump de 25 % de surtaxes.
Le républicain a aussi déclaré que son homologue sud-coréen Lee Jae-myung se rendra à Washington pour des discussions bilatérales "dans les deux prochaines semaines". Ce sera la première visite de Lee Jae-myung aux États-Unis depuis sa prise de fonctions, en juin.
Donald Trump s'est aussi félicité d'un "montant important d'argent" qui sera investi par la Corée du Sud aux États-Unis, avec notamment l'achat "pour 100 milliards de dollars" de gaz naturel liquéfié "ou d'autres sources d'énergie".
Levier majeur
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a fait des droits de douane l'outil principal de sa politique économique et un levier de négociations majeur. Des dizaines de pays sont concernés par ces surtaxes qui doivent entrer en vigueur le 1er août, après des pauses à répétition.
À l'inverse de la Corée du Sud, l'Inde est la nouvelle cible de Donald Trump. Le président américain a annoncé mercredi sur sa plateforme Truth Social que les produits indiens feraient l'objet de 25 % de droits de douane à leur arrivée aux États-Unis à compter du 1er août, ajoutant qu'une "pénalité" sera ajoutée pour l'achat de pétrole russe.
"Nous faisons peu de commerce avec eux car leurs droits de douane sont parmi les plus élevés au monde et les barrières non tarifaires les plus fatigantes et odieuses", a justifié Donald Trump dans son message. "Nous avons un déficit commercial massif avec l'Inde !" a souligné le locataire de la Maison Blanche.
Mais l'Inde a également "acheté une majorité de (ses) équipements militaires à la Russie et sont les principaux clients de pétrole russe, avec la Chine, alors que tout le monde souhaite que la Russie cesse de tuer en Ukraine". Une situation qui justifie, aux yeux du président américain, "une pénalité", qui viendra s'ajouter aux 25 %, sans plus de spécification, et qui interviendra également à partir du 1er août.
Baisse symbolique
Ce nouveau tarif imposé sur les produits indiens représente une baisse symbolique d'un point de pourcentage (pp) par rapport aux 26 % dévoilés initialement début avril, à l'occasion de l'annonce des droits de douane présentés improprement comme étant "réciproques" par Donald Trump.
Mardi le président américain avait déjà donné un indice en soulignant que les droits de douane sur les produits "made in India" pourraient se situer entre 20 et 25 %, ajoutant cependant qu'un accord était toujours possible.
New Delhi et Washington ont lancé depuis plusieurs mois des négociations en vue d'un accord commercial, sans résultat jusqu'ici, l'Inde ne souhaitant notamment pas ouvrir totalement son marché aux produits agricoles américains.
"L'Inde et les États-Unis sont en négociations depuis quelques mois pour conclure un accord commercial bilatéral équitable, équilibré et mutuellement bénéfique. Nous restons engagés à atteindre cet objectif", a souligné le gouvernement indien dans un communiqué. "Là où nous avons besoin de clarté, c'est au sujet de cette pénalité. Est-ce une menace, si l'Inde continue à importer du pétrole russe nous seront frappés par une pénalité ? Et sur certains produits ou tous ?" s'est interrogé le directeur général de la Fédération indienne des organisations exportatrices, Ajay Sahai.
Donald Trump menace les pays achetant du pétrole russe
L'Inde est en effet considérée comme étant l'un des principaux clients du pétrole russe, pourtant sous sanction, mais une aubaine du point de vue de New Delhi, qui profite d'un prix d'achat moins élevé alors que Moscou cherche à financer son effort de guerre en Ukraine.
Or le président américain a durci le ton ces derniers jours, frustré par l'absence de progrès en vue d'un possible accord de paix entre la Russie et l'Ukraine, et accusant de plus en plus ouvertement son homologue russe, Vladimir Poutine, de ne pas chercher à mettre fin au conflit.
Donald Trump menace désormais les pays achetant du pétrole russe, mais également iranien, de sanctions "secondaires", qui prendraient la forme de droits de douane supplémentaires sur les produits provenant de ces pays. La Chine et l'Inde sont parmi les premiers acheteurs de pétrole russe.
Dans la foulée, Donald Trump a annoncé un accord avec le Pakistan pour "développer leurs immenses réserves de pétrole", sans plus de précision, ajoutant que "peut-être vendront-ils un jour du pétrole à l'Inde !".
Six accords annoncés
Les droits de douane annoncés début avril par le président américain avaient été reportés une première fois de 90 jours, jusqu'à début juillet, avant un nouveau report jusqu'au 1er août. Il s'agissait, selon Donald Trump, de donner du temps aux négociations commerciales, la Maison Blanche assurant que des dizaines d'accords seraient signés durant la période de trêve.
Jusqu'ici, seuls sept accords ont été annoncés, concernant notamment des partenaires commerciaux majeurs des États-Unis, l'Union européenne (UE), le Royaume-Uni et le Japon, qui verront dès lors leurs produits taxés à hauteur de 15 %. Washington a également annoncé des accords avec les Philippines, le Vietnam, l'Indonésie et mercredi la Corée du Sud. Mais la plupart de ces accords concernent en réalité des cadres de négociations, pas des textes formels signés, la Maison Blanche se montrant volontairement floue pour mettre en avant ses succès.
Cette fois Donald Trump a assuré sur Truth Social qu'aucun autre report ne serait accordé et que les surtaxes entreront effectivement en vigueur. Elles sont pour l'heure prévues entre 10 %, le seuil minimal pour tous les produits entrant aux États-Unis et jusqu'à 50 %, imposés aux produits brésiliens.
Avec AFP