Jackpot de l’Euromillions : Polynésie ou camping-car, les grands gagnants nous racontent leur premier voyage

Depuis le week-end de Pâques 2023, Maria et sa famille ne touchent plus terre. Comme à son habitude, avant de se coucher, la sexagénaire se connecte sur l’application de la FDJ United - nouveau nom de la Française des jeux. Ce vendredi 7 avril 2023, le jackpot de l’Euromillions atteint les 54 millions d’euros. Maria choisit de jouer une grille aléatoire, «un flash» qu’elle ne prend pas la peine de contrôler le soir même. «Le samedi matin, je me suis réveillée très tôt et là j’ai vu un e-mail de la FDJ United m’informant que j’étais gagnante d’une somme supérieure à 2000 euros», se souvient-elle. Maria réveille son mari et ensemble ils découvrent le montant du gain : UN million d’euros.

La mère de famille a besoin d’être rassurée mais les services de la FDJ United sont fermés ce week-end férié. «On ne voulait pas y croire tant que quelqu’un ne nous l’avait pas confirmé. On a vécu ce moment bouleversant à deux avec mon mari. On ne voulait pas l’annoncer à nos filles avant d’avoir une confirmation. J’ai passé tout le week-end à vérifier si le montant affiché sur l’application n’avait pas disparu.»

Vivre dans un lieu de vacances

Isabelle Cesari, responsable accompagnement et expérience gagnants à la FDJ et Thierry Gabarret, directeur général de la Pacifique des Jeux (filiale FDJ en Polynésie) en 2021 lors de la remise du record de gain à la gagnante polynésienne. FDJ United

Ce gain survient en plein changement de vie pour la famille originaire de la région parisienne. «On voulait déménager dans le sud de la France. On avait vu une première maison et puis finalement grâce à cette somme d’argent, on a choisi la maison de nos rêves, celle qui nous donne la sensation d’être en vacances toute l’année, entourée par la mer, la montagne et les vignes», précise-t-elle en souriant. Ensuite, Maria n’a qu’une chose en tête : voyager. Il faut dire que les vacances au bout du monde n’étaient jusque-là pas accessibles. «Il y a plus de quinze ans, nous avons fait un magnifique voyage à l’Île Maurice , mais pour nous le permettre, nous avons dû dépenser toutes nos économies et emprunter de l’argent.» Après cette parenthèse enchantée, retour à la vie normale : deux salaires moyens, une maison, deux filles en études supérieures et des prêts étudiants… Le nouveau million qu’ils ont encaissé leur permet de rêver plus grand. Pour célébrer les soixante ans de son époux, le couple ose. Le choix de la destination est une évidence : la Polynésie française. L’occasion de réaliser enfin leur voyage de noces… 37 ans après leur mariage.

Certains continuent malgré le gain à se rendre dans la petite location qu’ils avaient l’habitude de réserver pour les vacances d’été en France, où il n’y a parfois pas de machine à laver

Le couple choisit de laisser une agence de voyages organiser les trois semaines. «On a été pris en charge du départ de la maison jusqu’au retour comme des petits rois et reine. On est descendus dans des hôtels extraordinaires dans lesquels on aurait jamais pu imaginer pouvoir dormir un jour. Lorsqu’on arrivait, il y avait toujours des petites attentions et des fleurs. Nous étions en admiration devant chaque chose que l’on voyait ou vivait.» À Moorea, le couple en prend plein les yeux. «Les nuances de bleu, la végétation luxuriante, les palmiers, et même les poules en liberté», rit-elle. À Bora Bora, Maria et son époux évitent même le tourisme : «On était sur un atoll dans une maison sur pilotis. Les poissons venaient nous voir, on a pu nager avec les raies et les requins, faire de la plongée, côtoyer des fonds marins extraordinaires et des poissons aux couleurs irréelles.»

Polynésie, Antilles, Corse…

Sans surprise, la Polynésie est plébiscitée par les gagnants. Ici, l’île de Raivavae. STANISLAS FAUTRE

Comme elle, de nombreux gagnants des jeux de loterie continuent de voyager en France. Isabelle Cesari est responsable accompagnement et expérience gagnants à la FDJ United et reçoit régulièrement des cartes postales ou des photos de chanceux trinquant dans l’avion. Elle a établi un constat : «Certains continuent malgré le gain à se rendre dans la petite location qu’ils avaient l’habitude de réserver pour les vacances d’été en France, où il n’y a parfois pas de machine à laver. D’autres évoquent le projet d’acheter un camping-car  pour découvrir l’hexagone. La plupart des gagnants restent fidèles à ce qu’ils sont et retournent dans des lieux qu’ils aiment, dans lesquels ils se sentent bien.»

Parmi les gagnants de la FDJ United, 80% d’entre eux évoquent rapidement un projet de voyage. Dans la liste des priorités, se classent «en premier l’achat d’une maison ou des travaux, en tout cas un investissement pour son cocon, son chez-soi ; en second l’acquisition d’une nouvelle voiture et en troisième le voyage». Isabelle Cesari se souvient de la gagnante polynésienne qui avait remporté 220 millions d’euros, le record de gain de la FDJ United en 2021 : «Elle rêvait d’aller voir la neige, elle l’a fait et a adoré.» Un autre gagnant de 200 millions d’euros a quant à lui commencé à voyager en créant sa fondation de préservation de l’environnement et de la biodiversité. Mais certaines destinations hantent les souhaits des joueurs : «La Polynésie est souvent évoquée, les Antilles aussi et, plus proche de chez nous, la Corse. En somme, les îles. Les cocotiers, la chaleur, le farniente, la sérénité, la liberté… c’est l’image d’Épinal du rêve», affirme-t-elle.

De la classe éco à la business

Et ce, même pour les habitués du voyage. En 2014, Thierry, 66 ans aujourd’hui, a remporté 12 millions d’euros au Super Loto. «Lorsque j’ai vu mes numéros s’afficher, j’ai cru que mon ordinateur ne marchait pas. Alors j’ai essayé sur un autre ordinateur… et c’était bien réel», se rappelle-t-il. Il arrête de travailler et quitte la région parisienne seul pour s’installer dans une autre région. Le changement de vie est opéré. Mais le voyage fait partie de lui. «Je travaillais dans le tourisme. Je suis allé dans tous les pays qui s’ouvraient à l’époque où l’eau de la Baie d’Along au Vietnam  était toujours transparente et où il n’y avait pas encore d’hôtel», raconte l’ancien cadre. Désormais, Thierry voyage toujours mais dans des conditions plus luxueuses : «Quand on voyage pour le travail, ce n’est pas pareil, on n’est pas en vacances, on ne peut pas toujours en profiter… Dans l’avion, quand on passe de la seconde classe à la business  où l’on se croirait dans un hôtel, c’est très compliqué de revenir en arrière», avoue-t-il en riant.

Désormais, Thierry est un habitué des croisières avec majordome et des voyages d’exception. Il a pu visiter un grand nombre de pays : «J’ai fait toute l’Europe, les États-Unis plusieurs fois, pratiquement toute l’Asie. J’ai des lacunes en Amérique du Sud et il me manque quelques pays africains», énumère-t-il. Mais tout comme Maria, son voyage en Polynésie l’a marqué : «Ça mérite vraiment le nom de paradis, confirme-t-il. Si j’avais dix ans de moins, je m’y installerais mais aujourd’hui j’ai des attaches, des enfants…» L’agenda du sexagénaire est déjà bien fourni en ce début d’année 2025 : il s’apprête à s’envoler vers La Réunion avant de naviguer prochainement en Méditerranée pour visiter l’Italie, l’Espagne et les Baléares. Et pour le futur, un dilemme s’impose à lui : rester en France métropolitaine ; ou bien vivre six mois de l’année dans l’Hexagone et le reste du temps au paradis, en Polynésie.