Loi sur les "agents de l'étranger" en Géorgie : la police réprime violemment les manifestations
Ils s'étaient réunis pour exprimer leur opposition à un projet de loi jugé liberticide. Un rassemblement devant le Parlement géorgien à Tbilissi a été violemment réprimé par la police, dans la nuit du mardi 30 avril au mercredi 1er mai. Des policiers antiémeutes masqués ont utilisé du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre la foule, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Le député Levan Khabeichvili, président du Mouvement national uni de l'ex-président emprisonné Mikheïl Saakachvili, principal parti d'opposition, a lui-même été violemment battu et a dû recevoir des soins.
Plusieurs journalistes ont également été pris pour cible, notamment un photographe de l'AFP qui a été frappé avec une matraque alors qu'il était clairement identifié comme reporter. Les chaînes de télévision locales ont diffusé des images montrant son visage marqué de coups.
Au petit matin, les autorités géorgiennes ont annoncé l'arrestation de 63 personnes. Le ministère de l'Intérieur a assuré que les policiers avaient usé de la force de façon "légitime" car la manifestation était "devenue violente".
L'Union européenne condamne les violences
Le Défenseur des droits géorgien, Levan Iosseliani, a demandé l'ouverture d'une enquête sur l'utilisation d'une "force disproportionnée" contre les manifestants et les journalistes. Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a lui aussi "fermement condamné les violences" des forces de l’ordre, appelant les autorités à "garantir le droit de réunion pacifique".
Ces manifestants pro-européens s'étaient réunis pour exprimer leur opposition à ce projet de loi sur "l'influence étrangère", que le parti au pouvoir espère faire adopter d'ici à la mi-mai. Voté en en première lecture par le Parlement géorgien, le texte controversé déchire le pays : il obligerait toute entreprise ou association financée à plus de 20% par l'étranger de s’enregistrer comme organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère. Salomé Nino Zourabichvili, la présidente de la Géorgie, proeuropéenne, opposée au parti au pouvoir, dénonce notamment l'influence russe du projet de loi.