Mayotte en dehors du «territoire national» ? François Bayrou une nouvelle fois épinglé par l’opposition
Le nouveau premier ministre enchaîne les polémiques. Lundi, François Bayrou était critiqué pour sa présence au conseil municipal de Pau, au lieu de s’être déplacé à Mayotte. Mardi, il a de nouveau provoqué un tollé du côté de l’opposition en considérant l’archipel lourdement touché par le cyclone Chido comme étant en dehors du «territoire national».
Lors des questions au premier ministre, le député écologiste Steevy Gustave l’a interpellé sur sa présence dans les Pyrénées-Atlantiques plutôt que sur le sol du territoire d’outre-mer. «Pendant que Mayotte pleure ses morts et cherche ses disparus, que tant de citoyens se mobilisent, il nous est incompréhensible que vous ayez privilégié un conseil municipal, Monsieur le premier ministre, plutôt que de vous rendre sur place, ce choix vous engage. Que doit penser le peuple mahorais d’un gouvernement qui regarde ailleurs pendant qu’il souffre ?», a-t-il demandé.
Le chef du gouvernement s’est ensuite défendu d’un possible désintérêt en expliquant que «le président de la République a annoncé qu’il irait à Mayotte» et qu’«il n’est pas d’usage que le premier ministre et le président quittent en même le territoire national», provoquant l’indignation de nombreux élus, issus de l’opposition. Car Mayotte est bel et bien un département français.
«Naufrage»
Des élus de La France insoumise ont rapidement réagi sur les réseaux sociaux, à l’instar de Clémence Guetté, députée et vice-présidente de l’Assemblée nationale, qui a rappelé au premier ministre que «Mayotte, c’est la France», qualifiant ses propos de «honte», sur X. L’élu LFI Thomas Portes a, lui, dénoncé une «réponse coloniale» dans un tweet, avant d’ajouter : «Quel mépris !». François Piquemal, député LFI de Haute-Garonne, a même réclamé que François Bayrou et «Macron doivent partir».
Pour le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, les propos du chef du gouvernement représentent un «naufrage» politique. «Mayotte ne serait pas sur le territoire national à en croire Bayrou. On comprend mieux pourquoi il a préféré assister au conseil municipal de Pau», a-t-il souligné sur X. Sandrine Rousseau a elle aussi qualifié les termes de François Bayrou de «naufrage» à sa sortie de l’hémicycle. Selon la députée écologiste, la phrase prononcée par le premier ministre est «lunaire» et «incroyable». «Je l’ai senti dépassé, déjà, après quelques jours» à son poste, a-t-elle soufflé.
«Chaque jour un scandale»
Mais la gauche n’est pas la seule a s’être scandalisée. Du côté du Rassemblement national, Caroline Parmentier, députée du Pas-de-Calais, a évoqué «une nouvelle gaffe» du premier ministre, quand l’élu du même parti, Guillaume Bigot, a tweeté : «Le calendrier de l’avent Bayrou vous propose chaque jour un scandale.»
Toujours sur le ton du sarcasme, le député de la Haute-Saône, Antoine Villedieu, a déclaré sur X : «Est-ce que quelqu’un peut expliquer au premier ministre que Mayotte est un DOM, et donc fait partie du territoire national», accompagné d’un smiley. Jorys Bovet, élu RN dans l’Allier, a souligné sur X que la prise de parole de François Bayrou était sa «première intervention à l’Assemblée nationale».
Florian Philippot, ancien vice-président du Front national et désormais président du parti de droite souverainiste Patriotes, a même présenté le premier ministre «Bayrou-la catastrophe», sur X ce mercredi. «On n’a jamais vu un premier ministre démarrer de façon aussi catastrophique ! Et les députés PS et RN refusent de le censurer : c’est une blague ?!», a-t-il dénoncé.