Notre critique d’Un monde merveilleux : Blanche Gardin perdue dans une navrante comédie robotique

Mais qu’est allée faire Blanche Gardin dans cette galère robotique? Autant, il y a trois ans quand elle jouait face à Laurent Lafitte une startupeuse à la pointe de l’innovation dans la comédie romantique Tout le monde aime Jeanne, l’humoriste avait su briller par son naturel et son charme attachant. Autant, dans Un monde merveilleux, l’actrice ne parvient pas à rendre palpitante cette intrigue dystopique qui sent par trop le réchauffé.

Dans un futur proche, les robots domestiques ont investi la planète. Tout le monde en possède un. Quelques séquences d’ensemble montrent comment ces boîtes de conserve blanches, au look de Stormstrooper échappés de Star Wars , marchent péniblement dans la rue au milieu d’une foule indifférente. Les gens s’en servent comme des smartphones, un peu pour tout et n’importe quoi. Max, une ancienne prof de français, incarnée par Blanche Gardin, fait partie de ces militants anti-robots convaincus.

Depuis qu’elle a été évincée de son poste, l’héroïne et sa fille Paula (Laly Mercier) vivotent à Paris en se livrant à de petites magouilles et menus larcins. Ce qui les amène au tout début du film à kidnapper un robot T-0 qui sert d’assistant de vie programmé dans un Ephad. En cherchant à le revendre au marché noir, Max prend conscience que ce robot est un vieux modèle obsolète qui ne vaut plus rien. Le pire, c’est que la garde de sa fille lui est retirée et que l’enfant est placée dans un foyer breton. Max et son pénible robot, aussi bavard qu’exaspérant, partent alors en croisade pour récupérer Paula...

Road-trip dépressif

Ce qui s’annonçait comme une comédie d’anticipation drôle et sociale, vire alors au road-movie navrant qui brinquebale sur les routes de Loire-Atlantique, avant de s’achever sur le sable d’une plage battue par les vents et la pluie. L’idée de ce premier film de Giulio Callegari aurait pu fonctionner, montrant des robots immaculés au supermarché, dans les hôpitaux, les commissariats ou sur des routes de campagne, près du Croisic ou des marais salants de Guérande.

Las, le film qui manque de sel ne tarde pas à s’effilocher en petites saynètes tristounes, faisant plutôt ressortir le côté dépressif de l’héroïne que son côté allègre et combatif. Et puis, comment passer outre les précédents films ayant déjà utilisé des robots pour souligner l’inhumanité galopante de notre société soumise aux nouvelles technologies ? De l’excellent Robot and Frank, signé Jake Schreier (Thunderbolts*) avec Frank Langella (2012), à I robot d’Alex Proyas avec Will Smith (2004), sans oublier Real Steel de Shawn Levy avec Hugh Jackman (2011), Bicentennial Man, de Chris Columbus (1999) ou encore le Chappie (2015) de Neill Blomkamp... Ils sont légion les films qui explorent déjà avec succès cette thématique rebattue.

Avec Un monde merveilleux, titre qui convoque le chef-d’œuvre d’Aldous Huxley Le Meilleur des mondes, Giulio Callegari se prend malheureusement les pieds dans les fils électriques de sa créature, en embarquant au passage une Blanche Gardin qui n’avait décidément pas besoin de ça...

Notre avis : 1/4