Tour de France : Valentin Paret-Peintre hisse le drapeau bleu blanc rouge au sommet du Ventoux

Il a décroché la lune. Après Raymond Poulidor (1965), Bernard Thévenet (1972), Jean-François Bernard (1987) et Richard Virenque (2002), Valentin Paret-Peintre (24 ans) a devancé le coriace irlandais Ben Healy au sprint pour signer la cinquième victoire française au sommet du mont Ventoux, s’offrir le plus beau succès de sa carrière. Vertigineux. Dans un décor lavé à l’eau de javel, la joie, la fatigue, la stupéfaction et le bonheur foudroyant se sont accrochés sur un visage taillé à la serpe orné d’une fine barbe. En franchissant la ligne, son cri a résonné. Pour accompagner la première victoire d’un coureur français cette année sur le Tour.

Valentin Paret-Peintre est un enfant de la balle. Son père, ancien coureur amateur, préside le VC Annemasse, son frère aîné Aurélien porte les couleurs de l’équipe Decathlon-AG2R-la Mondiale sur ce Tour, sa sœur est diététicienne au sien de l’équipe savoyarde. Il s’est révélé en 2024 en remportant une étape sur le Tour d’Italie. Cette année, il s’est illustré en s’imposant sur le Tour d’Oman avant de se blesser (fracture du sacrum) lors de Tirreno-Adriatico, en mars, et de trembler.

Dans le final, je me disais : « Une victoire dans le Ventoux, tu ne peux pas lâcher, tu ne peux pas lâcher »

Valentin Paret-Peintre
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La suite s’accroche, étape après étape, à un objectif : être au départ du Tour de France. Avec parmi les sorties d’entraînement, des repérages et des répétitions sur les pentes du Mont Ventoux. « Avec l’idée du Tour dans un coin de la tête. Gagner sur le Tour, j’en ai rêvé, comme tous les coureurs français. Gagner sur le mont Ventoux, c’est encore plus unique. Je ne réalise pas. C’est incroyable. Même dans l’échappée, je me disais : “c’est pour une victoire au Ventoux”, sans réellement y croire. C’est un lieu mythique dans le vélo, il s’est passé tellement de choses sur ces pentes. On le voit à son rayonnement à l’international, je suis dans une équipe belge et quand on demande au staff et aux autres coureurs : “quel est le col que tu connais le mieux en France ?”, ils disent tous : “mont Ventoux, j’y ai été en vacances quand j’étais petit ou je connais”. Dans le final, je me disais : “Une victoire dans le Ventoux, tu ne peux pas lâcher, tu ne peux pas lâcher.” »

«Il y a la culture de la gagne dans cette équipe»

Valentin Paret-Peintre apporte une quatrième victoire d’étape à la formation belge Soudal-Quick-Step (après Remco Evenepoel à Caen, Tim Merlier à Dunkerque et Châteauroux), une équipe qui a su, à l’image du jeune grimpeur français, se relancer et se réinventer après l’abandon de Remco Evenepoel, venu pour un podium à Paris, reparti fourbu, battu, épuisé. Prévu pour l’escorter dans la montée des marches, Valentin Paret-Peintre, propulsé en première ligne, n’a pas tremblé. Il raconte : « Il y a la culture de la gagne dans cette équipe, on est là pour gagner, même quand on n’est pas les favoris au départ, on essaie toujours de gagner. Davide Bramati (son directeur sportif) était dans la voiture derrière moi, à 2 km, je lui ai dit : “Parle-moi, pousse-moi.” C’est ce qu’il a fait, ça m’a vraiment aidé. J’ai senti toute l’équipe derrière moi qui disait : “Tu peux gagner, c’est ton jour.” »

Harcelé (quatre attaques) par Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar s’est mué dans un rôle étroit de défenseur

Au sommet d’un tas de cailloux de légende que le Tour aime visiter. Avec humilité. Sans en faire un passage trop régulier. La rareté et l’attente servant l’envie, sculptant le mythe. Celui d’une ascension à nulle autre pareille qui, en noir et blanc ou en couleurs, est entrée dans l’histoire du Tour. Pour sa beauté, sa férocité, sa cruauté. Ses héros, ses martyrs.

Tadej Pogacar rêvait d’une (nouvelle) victoire d’étape. L’histoire est un aimant. Harcelé (quatre attaques) par Jonas Vingegaard, le Slovène s’est mué dans un rôle étroit de défenseur. À l’ombre du mythe. Il ne rejoindra pas (encore) Charly Gaul, Eddy Merckx, Bernard Thévenet, Marco Pantani et Chris Froome, les lauréats du Tour vainqueurs au sommet du diabolique Ventoux. Moins aérien, il a laissé le Tour respirer. Un Français en a largement profité. Envahi, le mont Ventoux a apprécié…