Après presque trois ans de silence, reprise du dialogue entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine

La discussion a donc repris, presque là où elle s'était arrêtée. Pratiquement trois ans après leur dernière discussion, qui concernait le sort de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont renoué le dialogue, mardi 1er juillet, partageant une inquiétude commune sur la question nucléaire, mais en Iran cette fois.

Si la ligne était coupée depuis septembre 2022, une discussion de plus de deux heures a donc eu lieu entre l'Élysée et le Kremlin, et l'avenir du programme nucléaire iranien semble avoir agi comme un électrochoc, et provoqué la reprise d'une discussion longtemps interrompue entre les deux chefs d'État. Deux présidents à la tête de pays membres du Conseil de Sécurité des Nations-unies, et détenteurs de l'arme nucléaire.

La conversation intervient une semaine tout juste après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et l'Iran, et au moment ou le régime de Téhéran se dit prêt à sortir du traité de non-prolifération nucléaire, et à interdire les visites de l'Agence de l'énergie atomique (AIEA) sur son territoire.

Ne pas laisser les États-Unis gérer seuls le dossier iranien

Malgré les rodomontades de Donald Trump sur la destruction des sites nucléaires iraniens, le doute subsiste sur la capacité de l'Iran à poursuivre son programme. Sur ce sujet, Paris et Moscou plaident pour une solution diplomatique, et se rejoignent sur l'idée d'empêcher Téhéran de se doter de la bombe. Une forme de rapprochement, de circonstances en tout cas, face au cavalier seul diplomatique de la Maison Blanche. La France, comme la Russie ne veulent pas laisser Washington gérer ce dossier de son côté, et l'Élysée cherche à rappeler que les Européens ont leur mot à dire dans les discussions. Si les relations sont glaciales entre Emmanuel Macron et Benjamin Nétanyahou, Moscou dispose d'une position assez équilibrée entre Israël et l'Iran, et d'une capacité à dialoguer avec les deux pays.

Vladimir Poutine a même tenté, ces derniers jours, d'apparaître comme un médiateur potentiel dans ce dossier. Hypothèse immédiatement balayée par Donald Trump. À Emmanuel Macron, le président russe a répété, mardi, son soutien au développement d'un programme "nucléaire civil" par l'Iran, alors que Paris souhaite élargir les débats "à la question des missiles iraniens", et à la stabilité de la région, selon l'Élysée.

Des points de vue très divergents sur l'Ukraine

Les deux dirigeants ont aussi parlé de l'Ukraine, avec cette fois des positions totalement éloignées, et sans doute irréconciliables. Le président français a rappelé "le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine", quand son homologue russe a repris un narratif classique, imputant la responsabilité du conflit "aux pays occidentaux", et réclamant un accord de paix "sur le long terme", et "fondé sur les nouvelles réalités territoriales". Autrement dit, à ses conditions, et sans abandonner les 20% du territoire ukrainien occupé par ses troupes.

Paris précise avoir prévenu Volodymyr Zelensky de cette discussion, mais la décision de briser le silence avec Moscou, lourde de sens, a forcément taraudé l'Élysée. En optant pour la reprise du dialogue, Emmanuel Macron fait le pari de la diplomatie, mais acte mécaniquement la position de force de Vladimir Poutine. Il remet ainsi le président russe dans le jeu, comme Donald Trump l'a fait avant lui, alors que le Kremlin n'a pas cédé un pouce de terrain sur le dossier ukrainien, et que l'armée russe bombarde l'Ukraine avec une intensité sans précédent depuis plusieurs semaines.