Wimbledon 2025 : Giovanni Mpetshi Perricard, l'un des Français qui peut aller loin ?

Giovanni Mpetshi Perricard devait être sans doute l'une des meilleures chances françaises à Wimbledon. Parce qu'il pointe au 36e rang mondial et parce que lors de l'édition 2024, il avait atteint les huitièmes de finale en compagnie d'Ugo Humbert et d'Arthur Fils, forfait cette année. Mais ses espoirs ont largement fondu comme neige sous le soleil londonien lors du tirage au sort. Il affronte pour son entrée en lice le numéro 5 mondial, l'Américain Taylor Fritz, lundi 30 juin.

"Je pense que sur cette surface, [Giovanni] est encore plus dur à battre que sur les autres surfaces", confiait néanmoins notre consultant Arnaud Clément, avant le tirage au sort. Un avis que partage Marion Bartoli à franceinfo: sport. "Avec son service, il reste quelqu'un de très difficile à passer sur gazon." Même si l'ancienne lauréate de Wimbledon ne le voit pas encore gagner sur l'herbe londonienne, elle place quelques espoirs pour son tournoi. "C'est encore trop léger pour gagner un Grand Chelem, mais pourquoi pas refaire une deuxième semaine, un huitième ou même un quart, j'y crois totalement." Pour y parvenir, il faudra passer l'obstacle Taylor Fritz, qui arrive plein de confiance sur cette surface.

Un tournoi qui lui va bien

Le natif de Lyon, qui n'a jamais rencontré l'Américain depuis ses débuts sur le circuit professionnel en 2021, était l'une des belles histoires de la dernière édition de Wimbledon. De "lucky loser" à huitième de finaliste, Giovanni Mpetshi Perricard a vécu un rêve éveillé. "J'ai eu ma chance, je l'ai saisie du mieux possible, et à chaque match, j'ai pris du plaisir, même contre Musetti [l'adversaire contre lequel il a été éliminé en 2024]", se remémore le géant français (2m03).

D'autant que c'était sa première fois sur le gazon londonien, lui qui n'y avait jamais joué lors de ses années chez les juniors. "Pour moi, Wimbledon, c'est là où le tennis a été créé, confiait-il en conférence de presse avant le tournoi. C'est le gazon, les traditions, l'Angleterre, on joue tout en blanc. C'est sûr que le fait de vivre tout ça et d'avoir enchaîné pas mal de matchs, c'était une forte émotion. Maintenant, j'aimerais la revivre, si possible." 

Un service très adapté au jeu sur gazon

Le jeune homme de 21 ans a d'ailleurs un jeu qui va bien au gazon : offensif, puissant sur ses premières comme ses deuxièmes balles. "Le service est très très important, rappelle Marion Bartoli. C'est d'ailleurs une des raisons principales pour laquelle Serena [Williams] l'a gagné autant fois", complète-t-elle. Sur le sujet, Giovanni Mpetshi Perricard est verni : selon les statistiques de l'ATP, c'est le meilleur serveur du circuit avec 17 aces de moyenne par match, lui qui servait déjà à plus de 200 km/h à 15 ans.

"Au pôle France à Poitiers, il faisait déjà une tête de plus que tout le monde, il avait une taille et un gabarit hors norme pour son âge", se rappelle Caroline Martin, maîtresse de conférences à l'UFR STAPS de l'Université Rennes 2, spécialiste en biomécanique du tennis. L'ancienne joueuse de niveau national a branché ses capteurs à trois reprises sur le joueur français. "En octobre 2015, il avait 12 ans, mesurait 1m77 et était classé 4/6, il servait à 164 km/h en moyenne. En décembre 2016, à 13 ans, il mesurait 1m89, servait à 184 km/h pour un classement de 3/6. Et enfin, en octobre 2018, classé 0, il envoyait son service à 202 km/h."

"C'est sûr que ce n'est jamais facile d'affronter un joueur comme lui, a abondé en conférence de presse son adversaire du jour, Taylor Fritz. C'est un match qui fait peur car il y a plus de points qui peuvent m'échapper, de coups qui ne sont pas de mon fait." Il est en effet toujours difficile de breaker sur herbe, à cause d'un rebond bas et d'une balle qui fuse, encore plus contre un excellent serveur, même si le gazon a évolué et devient plus lent. "C'est une surface qui demande d'avoir une technique très propre", précise Marion Bartoli. 

Un numéro 5 mondial prenable ?

Reste qu'en face l'Américain reste un sérieux client, lui aussi excellent serveur (le 2e meilleur du circuit derrière Mpetshi Perricard), et tout juste titré sur herbe à Stuttgart et Eastbourne. Peu en verve lors de la saison sur terre, sorti dès son entrée en lice à Roland-Garros, Taylor Fritz a repris des couleurs sur gazon, et s'avance en outsider crédible pour la victoire finale, alors que dans le même temps, à la veille de son entrée en lice, le Français doute : "Mon niveau aujourd'hui ? Je ne sais pas". Et pour cause : depuis sa demi-finale de l'ATP 250 de Brisbane, Giovanni Mpetshi Perricard ne parvient pas à enchaîner deux victoires d'affilée.

Forfait sur blessure – "un problème à la jambe", a-t-il seulement précisé –, à Eastbourne, le Tricolore n'a qu'un match gagné sur herbe cette saison à Stuttgart, après son élimination directe au Queen's. "Il est dans une année de transition, où il rencontre bien plus de joueurs plus forts, explique Marion Bartoli à franceinfo: sport. Il ne passe plus par les qualifications et doit donc immédiatement être performant." Et imiter Corentin Moutet, son compatriote qui lui a réussi à sortir Taylor Fritz au premier tour de l'ATP 500 londonien cette saison ? Pour la win à Wim, "GMP" sait déjà de qui s'inspirer.