Typhons, sécheresse, montées des eaux... les pays pauvres en première ligne des catastrophes climatiques

"Les plus pauvres ont le droit d'être en colère", disait il y a quelques semaines le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en marge de la COP 29 organisée en Azerbaïdjan. Une référence aux conséquences du dérèglement climatique, qui se résume pour les pays de ce qu'on appelle le "Sud global" à une double injustice : ce sont majoritairement les moins émetteurs en gaz à effet de serre, mais les premiers à subir les conséquences du réchauffement. C'est en partie lié à des questions de situation géographique, mais aussi d'installations et d'habitats souvent fragiles ou précaires. 

Ça ne veut pas dire que les grandes puissances sont épargnées par les catastrophes, bien au contraire. On estime, par exemple, qu'un américain sur trois est déjà confronté aux aléas climatiques, et on a vu récemment des incendies ravager la Sibérie en Russie, ou la Californie aux USA. Mais le paradoxe, c'est que la conséquence la plus violente du réchauffement ne vient pas des canicules ou des incendies, mais des tempêtes (ouragan, cyclone, typhon) et des inondations, liées au réchauffement de l'eau, qui entraîne des pluies diluviennes.

Des catastrophes qui coûtent de plus en plus cher

Si 2024 s'apprête à devenir l'année la plus chaude jamais enregistrée, elle va détenir aussi le record de pertes économiques liées à des événements climatiques : 310 milliards de dollars, selon une estimation réalisée il y a quelques jours par une compagnie d'assurance suisse. La question de la justice climatique, des réparations, et de l'aide aux pays pauvres est désormais au cœur des débats internationaux. En moyenne, un habitant du sud touche deux dollars par an pour s'adapter au réchauffement, quand celui d'un pays riche en touche 160... Une série d'audiences vient de se terminer devant la cour internationale de justice à La Haye, où la représentante des nations vulnérables (Afrique, Caraibes, Pacifique) a demandé aux principaux pollueurs de "rendre des comptes".

Des déplacements de population à grande échelle

Conséquence directe des aléas et catastrophes climatiques, le nombre de "réfugiés climatiques" ne cesse d'augmenter. Les chiffres du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations unies donnent le vertige : 220 millions de déplacés sur les 10 dernières années à cause de crises climatiques, dont plus de 32 millions en 2024. Une bombe à retardement, alors que les questions migratoires inquiètent déjà les pays occidentaux. Mais surtout un drame pour ces populations. Rien que cet automne, les inondations qui ont frappé le Nigeria, le Tchad, le Ghana ou le Niger ont touché cinq millions d'habitants,  dont la moitié a dû quitter sa région ou son pays. Avec des conséquences en chaîne, entre l'interruption des services publics (plus d'école pendant des semaines, par exemple) et des activités économiques à l'arrêt, comme l'agriculture qui fait vivre des millions de gens.

Un cercle vicieux qui ralentit l'indispensable, mais très coûteux processus d'adaptation au réchauffement et aux crises, pourtant essentiel pour limiter l'impact des catastrophes. Une adaptation impossible sans une aide financière à la hauteur.