"L'Éternaute" : une nouvelle série de science-fiction sur Netflix adaptée d'une bande dessinée devenue culte en Argentine

L'Éternaute, une série de science-fiction argentine adaptée d'une célèbre bande dessinée créée par le scénariste Hector Oesterheld débarque sur Netflix le 30 avril. Avec elle, la ville de Buenos Aires entre en résistance contre une attaque extraterrestre. Elle signe le retour à l'écran de la star du cinéma argentin Ricardo Darin. Il s'agit d'un conte très "argentin", mais aussi universel et actuel portant le message que "personne ne se sauve seul", explique l'acteur dans un entretien à l'AFP.

L'Éternaute retrace la lutte de Juan Salvo (alias Ricardo Darin) et d'un groupe de gens ordinaires s'improvisant héros pour survivre et organiser, avec les moyens du bord, la résistance face à une invasion. Une nuit d'été à Buenos Aires, de mystérieuses chutes de neige éliminent la majeure partie de la population, laissant des milliers de personnes sans abri. Juan Salvo et ses amis découvrent que cet événement climatique n'est que la première attaque d'une armée étrangère bien décidée à envahir la Terre. Après la neige viendront des monstres aux allures de coléoptères géants et des humanoïdes.

La distribution fait la part belle aux actrices et acteurs argentins, dont le plus célèbre est sans conteste Ricardo Darin, héros d'un magnifique policier, Dans ses yeux, de Juan José Campanella, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2010. Il a aussi joué dans Les Nouveaux sauvages, Les neuf reines ou encore le multiprimé Argentina, 1985.

"Ce sont des gens qui ne comprennent absolument pas ce qui se passe, face à quelque chose de totalement inattendu, très hostile", résumait l'acteur pour l'AFP, à quelques heures du lancement de la série. "Et si on le raconte avec sérieux, dans n'importe quel coin du monde, des gens vont adhérer parce que quelque chose de similaire leur est arrivé".

Disparu sous la dictature

L'Éternaute est l'adaptation d'une BD de science-fiction mythique en Argentine, née en 1957, reprise et poursuivie dans les années 70, 80 puis 2000, par des dessinateurs successifs. Le scénariste original, Hector Oesterheld, militant de gauche, compte parmi les milliers de disparus sous la dictature militaire argentine (1976-83), conférant a posteriori un caractère à la fois visionnaire et tragique à cette saga fondamentalement politique.

La BD était pionnière à son époque, dans les années 50, en ce qu'elle ancrait pour la première fois une histoire de science-fiction hors des lieux habituels dans ce type de littérature (Amérique du Nord, Europe, espace). Elle avait une saveur argentine, bien "porteña" [de Buenos Aires], parcourant des lieux emblématiques de la capitale, notamment le fameux stade El Monumental.

Une BD au message universel

Argentin, mais parlant à tous... avec sa BD, Oesterheld "lançait à la mer un message devenu avec le temps une devise, un leitmotiv, qui est que personne ne se sauve seul. Et ça a à voir avec l'histoire de la civilisation", médite Ricardo Darin.

"Parce que c'est comme ça", insiste-t-il. "Parce que les peuples qui ont su survivre sont ceux qui se sont rassemblés, défendus côte à côte, se sont intéressés non seulement à ce qui leur arrivait individuellement, à leur groupe, leur famille, mais au-delà. Ceux qui ont ouvert leurs bras aux autres. Et je crois que ça sera éternel", ajoute Darin, faisant référence au néologisme du titre "Eternaute" : navigateur de l'éternité.

Un tournage physiquement épuisant

L'acteur évoque "l'énorme épuisement physique" du tournage - 148 jours, dont 113 pour lui - harnaché d'épais vêtements, sac à dos, arme, masque, bottes, dans un film d'action où "il faut sauter, tomber, se cogner, se battre, dans de la neige artificielle, oui, mais de la neige quand même. (...) Autant de choses qui, à 25 ou 30 ans, passent sans problème, mais pour moi qui ai 114 ans [il a en réalité 68 ans], c'est très pénible", rigole-t-il

Il avoue avoir douté au tout début face au projet, puis, voyant "le respect" pour l'œuvre et le "sérieux" de la réalisation, "l'enthousiasme a pris le pas sur la prudence". "Rien de tel ne s'est jamais fait ici", dit-il à présent avec fierté. Tout en avouant, dans un contexte de cinéma argentin largement définancé sous l'austérité voulue par le gouvernement du Président ultralibéral Javier Milei, qu'il est "difficile d'avaler qu'on dépend désormais uniquement de l'intérêt éventuel d'une plateforme pour un projet, pour pouvoir réaliser des choses qu'on pourra montrer au monde".

Pour le meilleur ou pour le pire

Le comédien déplore le "grand paradoxe" de voir ce cinéma argentin "tellement apprécié depuis longtemps hors de nos terres, et avoir chez nous des gens qui doutent de l'importance de le soutenir, le stimuler, le défendre".

Pour autant, il se dit "confiant, pour de nombreuses raisons, que nous surmonterons cette situation. Car nous [Argentins] sommes très habitués aux crises, pour le meilleur ou pour le pire, nous avons une dynamique pour faire face avec beaucoup de force de caractère". Les qualités des Éternautes ?