RD Congo : plus de 140 civils majoritairement hutus exécutés par le M23, selon HRW

Un rapport alarmant. L'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) accuse, mercredi 20 août, le groupe armé M23 d'avoir exécuté sommairement plus de 140 civils, majoritairement hutus, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Il s'agit de l'"une des pires atrocités commises par le M23 – soutenu par le Rwanda – depuis sa résurgence fin 2021", explique l'organisation de défense des droits humains.

Dans son rapport, HRW établit que ces victimes étaient majoritairement des Hutus provenant d'au moins 14 villages et communautés agricoles. 

Début août, l'ONU avait accusé le M23 d'avoir tué 319 civils dans la province du Nord-Kivu, des actes principalement commis dans des territoires jouxtant la frontière rwandaise et le parc national des Virunga. 

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"Ces massacres semblent faire partie d'une campagne militaire contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé principalement de Hutus rwandais formé par des personnes ayant pris part au génocide de 1994 au Rwanda", affirme HRW. 

"La plupart des victimes appartenaient à l'ethnie hutue et, dans une moindre mesure, à l'ethnie nande. Le fait que le M23 cible des civils hutus vivant à proximité des bastions des FDLR soulève de graves préoccupations de nettoyage ethnique dans le territoire de Rutshuru", estime Human Rights Watch.

"Ils tuaient avec des couteaux"

À HRW, une femme qui a vu des combattants du M23 tuer son mari à la machette le 11 juillet a affirmé que le groupe armé avait ensuite rassemblé les femmes et les enfants de son village.

"Vers 10 heures du matin, nous avons été forcés de marcher vers l'endroit où nos vies allaient se terminer", a-t-elle raconté à l'ONG. "Nous marchions en silence. Si un enfant se mettait à pleurer, ils menaçaient de le tuer. Ils tuaient avec des couteaux", a-t-elle ajouté.

Selon elle, 70 personnes, y compris des femmes et des filles, ont par la suite été exécutées au bord d'une rivière.

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© France 24

Des témoins de plusieurs attaques ont assuré à HRW que "les combattants du M23 leur ont ordonné d'enterrer immédiatement les corps dans les champs ou de les laisser sans sépulture, privant les familles de la possibilité d'organiser des funérailles." 

D'après HRW, "des témoignages, des sources militaires et l'ONU indiquent que l'armée rwandaise était aussi impliquée dans les opérations du M23 dans le secteur", ce que Kigali a nié, affirmant qu'un groupe armé rival du M23 avait perpétré les meurtres.

Le territoire de Rutshuru et les zones frontalières du Rwanda sont en proie à des violences depuis plus de 30 ans. 

Avec AFP