Deux prisons haute sécurité pour les 200 «plus gros narcotrafiquants»
« Une révolution carcérale », historique et « globale ». Voilà ce que Gérald Darmanin a annoncé, jeudi soir, au « 20 Heures » de France 2. Entre la fin du mois de juillet et le 15 octobre, 200 des 700 narcotrafiquants les plus dangereux de France seront incarcérés dans les deux maisons centrales les plus sécurisées du territoire.
À commencer par celle de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Puis, à l’automne, ce sera au tour de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, d’accueillir le « nec plus ultra » du crime organisé qui sera soumis à un régime carcéral particulièrement contraint. Sont prévus un endiguement physique particulièrement sévère et la généralisation de la visioconférence pour voir leur juge et éviter une nouvelle tragédie comme celle du péage d’Incarville, lors de l’évasion de Mohamed Amra en mai dernier. D’ici à 2027, quatre ou cinq autres établissements devraient être mis à niveau pour accueillir 500 autres détenus dangereux.
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Fin mars-début avril, à quelques exceptions près, ces deux établissements seront vidés de leurs 350 détenus qui seront alors répartis vers d’autres établissements pour peine. Quatre mois seront nécessaires pour effectuer les aménagements. Vendin-le-Vieil est l’établissement le plus facile à adapter. Son niveau de sécurité actuel n’entraînera pas de travaux pharaoniques et les ajustements entreront dans l’enveloppe de quatre millions d’euros promise par le garde des Sceaux.
Un héliport pas loin
Pour les spécialistes de la pénitentiaire, « il s’agit de simplement renforcer la sécurité périmétrique et celle du parking de l’établissement et de fixer des caillebotis aux fenêtres ». Mais aussi, pour Vendin-le-Vieil comme pour Condé-sur-Sarthe, d’équiper ces établissements d’hygiaphones puisque les contacts physiques seront prohibés, l’installation de portails à ondes millimétriques plus performants encore, et des salles de visioconférence dignes de ce nom puisque sera évité au maximum le risque des extractions.
Il sera donc plus simple, en cas d’extrême nécessité, d’organiser des extractionsOutre des niveaux de sécurité qui sont très largement supérieurs à d’autres établissements, comme ceux de Saint-Maur et surtout d’Arles, Vendin-le-Vieil et, dans une moindre mesure, Condé-sur-Sarthe ont l’avantage d’être plus proches de Paris — une heure et demie de trajet pour le premier — dont le Tribunal gère les affaires de criminalité organisée les plus graves.
Il sera donc plus simple, en cas d’extrême nécessité, d’organiser des extractions, ou de faire se déplacer les juges d’instruction en charge de ces gros dossiers. Vendin-le-Vieil dispose par ailleurs d’un héliport non loin.
Établissements profilés
De plus, le ministre de la Justice a promis que plusieurs compagnies d’intervention d’élite — les ERIS, équivalent pour la pénitentiaire du GIGN — seraient à demeure dans ce type d’établissement. Cela ne se fera pas en un jour. Dans un premier temps, en cas d’incidents graves, il faudra donc faire se déplacer ces forces d’intervention.
Mais d’ici au 15 octobre prochain, la Chancellerie peut se donner les moyens de rapprocher de Condé une équipe d’ERIS et obtenir du ministère de l’Intérieur un renforcement, en périphérie, des effectifs de forces de sécurité intérieures.
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Par ailleurs, même si Gérald Darmanin ne le dit pas officiellement, Vendin et Condé sont déjà des établissements profilés puisqu’ils accueillent beaucoup de détenus sensibles, qu’ils soient terroristes, comme Salah Abdeslam, ou issus du grand banditisme, comme Redouane Faïd et désormais Mohamed Amra.