Vente de TikTok : Donald Trump table sur plusieurs milliards de dollars d’honoraires pour son rôle d’intermédiaire
Donald Trump ne perd pas une occasion de jouer les banquiers d’affaires. Alors que la vente de TikTok USA entre dans la dernière ligne droite, le président américain planche déjà sur... ses honoraires. L’ancien magnat de l’immobilier entend bien monnayer son rôle d’intermédiaire auprès de Pékin dans la future cession du réseau social. «Cela n’a pas encore été négocié, mais nous obtiendrons quelque chose», a-t-il assuré vendredi 19 septembre après son échange téléphonique avec Xi Jinping, son homologue chinois.
Selon le Wall Street Journal, l’administration Trump pourrait obtenir «plusieurs milliards de dollars» d’honoraires des investisseurs américains qui prendront le contrôle de la filiale US de TikTok. Il serait ainsi rémunéré pour les bons et loyaux services de son administration en vue de sécuriser un accord entre Pékin, ByteDance et de nombreux investisseurs. Outre Donald Trump en personne, son vice-président JD Vance, s’est beaucoup activé en coulisses ces derniers mois sur ce dossier.
Passer la publicitéSi le deal n’est pas encore scellé, l’administration Trump aurait sécurisé cette semaine le feu vert de Pékin à la vente par ByteDance de TikTok USA. Une loi américaine votée fin avril 2024 exige, en effet, que le réseau social soit cédé à un actionnaire américain, sous peine d’être banni des États-Unis. Entre-temps, le président américain a repoussé à quatre reprises la date limite d’une cession, et le dossier TikTok s’est retrouvé au cœur des tensions sino-américaines sur les droits de douane. Les deux parties ont désormais jusqu’à la mi-décembre pour sécuriser un accord.
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Ingérence dans les affaires privées
Ce n’est pas la première fois que le président américain tente de monnayer son rôle dans ce dossier. En 2020, alors qu’il souhaitait faire interdire TikTok aux États-Unis, il avait tenté de favoriser une vente à Microsoft et réclamé des honoraires pour son administration. En vain. Les décrets pris à l’époque par Donald Trump contre TikTok avaient été bloqués quelques mois plus tard par un juge fédéral. Puis, une fois élu, Joe Biden les avait annulés. Et le «deal» était finalement tombé à l’eau.
Cet épisode est le dernier exemple en date de l’ingérence de l’administration Trump II dans les affaires du secteur privé. Le président américain n’a cessé de faire pression sur Apple afin que l’entreprise relocalise sa production aux États-Unis. Le mois dernier, il a exigé la démission du PDG d’Intel dont l’État américain a fini par devenir actionnaire à hauteur de 10%. Trump a également obtenu de Nvidia le versement de 15% des recettes provenant de la vente de puces H20 en Chine, en contrepartie de la licence d’exportation accordée par Washington.
Des honoraires de l’ordre de plusieurs milliards de dollars dans le dossier TikTok seraient sans précédent. Pour certains juristes, le principe même d’une telle rémunération serait illégal. Traditionnellement, le gouvernement n’est pas rémunéré par les entreprises pour les autorisations liées à la sécurité nationale ou les licences d’exportation. Nul doute que la perception de ces honoraires par l’administration Trump, si elle se confirme dans les prochaines semaines, risque de susciter le débat.