La Maison des mondes africains s'installe dans un ancien atelier loin de la Monnaie de Paris

La Maison des mondes africains, nouveau lieu culturel voulu par Emmanuel Macron, va s'installer dans un ancien atelier à Paris après des mois de controverse autour d'une possible implantation sur le site historique de l'Hôtel de la monnaie, a appris l'AFP auprès de sa directrice mardi. Baptisé MansA, ce centre pluridisciplinaire, qui ambitionne d'être un « QG permanent » des cultures africaines, accueillera ses premiers visiteurs en juin dans le 10e arrondissement de la capitale avant d'ouvrir pleinement ses portes en septembre, a précisé la journaliste-productrice Liz Gomis, chargée de ce projet en gestation depuis fin 2021.

« Ça s'ancre enfin dans le réel après beaucoup de théories, beaucoup de choses écrites sur le papier, des allers-retours mais rien de concret », se félicite Liz Gomis, convaincue que MansA « va un peu changer la donne » en donnant plus de visibilité à la création africaine.

« Ça s’ancre enfin dans le réel après beaucoup de théories, beaucoup de choses écrites sur le papier, des allers-retours mais rien de concret »

Liz Gomis, directrice de la MansA

Théorisée dans un rapport remis à Emmanuel Macron, la Maison des mondes africains était, depuis plusieurs mois, au cœur d'une bataille au sein de l'exécutif autour de ses moyens budgétaires, finalement revus à la baisse sur fond d'austérité gouvernementale, et de son lieu d'implantation. Selon plusieurs sources concordantes, le ministère de la Culture, qui en assure la tutelle avec les Affaires étrangères, plaidait pour que MansA atterrisse à la Monnaie de Paris, institution créée au IXe siècle qui compte un musée, des salles d'exposition et une usine de production de pièces de collection.

Opposition du RN et du PCF

Ce projet avait toutefois suscité une levée de boucliers auprès des salariés de la Monnaie, notamment inquiets pour l'avenir de leur musée qui avait rouvert en 2017 après 80 millions d'euros de travaux autofinancés. La polémique avait aussi rebondi côté politique. Des conseillers municipaux communistes s'étaient inquiétés de l'avenir de la Monnaie de Paris tandis que des députés du Rassemblement national accusaient le gouvernement de céder « aux sirènes de la repentance » vis-à-vis du continent africain.

Pour Liz Gomis, l'installation dans le 10e arrondissement n'est toutefois qu'une « première étape », prévue sur deux ans, avant de grandir et devenir la grande agora initialement envisagée. « Il faut que je continue ma petite bataille. Parce qu'au fond, ça reste une bataille. C'est génial de pouvoir s'ancrer dans le réel et commencer à fédérer mais il y a maintenant plein de choses qui entrent en jeu », déclare-t-elle, évoquant notamment les ressources budgétaires à sanctuariser pour 2025.