Administration Trump : Massad Boulos, du négoce automobile aux dossiers du Proche-Orient
Une nouvelle fois, Donald Trump place l'un de ses proches à un poste clé de sa future administration. Il avait déjà nommé Charles Kushner – le père de Jared Kushner, gendre de Donald Trump – comme ambassadeur des États-Unis en France. Il a cette fois proposé à Massad Boulos, le père de son autre gendre, de devenir conseiller pour le Moyen-Orient.
Né dans le village libanais de Kfar Akka, Massad Boulos, entrepreneur de 53 ans qui a fait fortune en Afrique, a vu son fils Michael épouser en 2022 la fille de Donald Trump, Tiffany, à Mar-a-Lago, en Floride. Un mariage très "libanais", selon le journal américain The New York Trimes, qui rappelle que Tiffany Trump portait ce jour-là une robe signée Élie Saab, styliste et couturier de renommée internationale et originaire du pays du Cèdre.
Outre cette relation familiale, Donald Trump a décrit sur son réseau Truth Social Massad Boulos comme "un bon négociateur et un partisan inébranlable de la paix au Moyen-Orient." "Il sera un ardent défenseur des États-Unis et de leurs intérêts", a-t-il assuré. "Massad est un avocat accompli et un leader très respecté dans le monde des affaires, avec une grande expérience sur la scène internationale."
La gestion du portefeuille que Massad Boulos s’apprête à recevoir s'annonce toutefois périlleuse face à la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, et alors que l'accord de cessez-le-feu au Liban entre l’État hébreu et le Hezbollah reste très fragile. Et les autres dossiers brûlants ne manquent pas : l'évolution du conflit en Syrie, la situation au Yémen, sans oublier l'Iran et son programme nucléaire.
Dans un entretien accordé au Point mardi, où il développe l'approche de la future administration Trump pour la région, Massad Boulos explique que "la vision est d'atteindre une paix durable au Moyen-Orient." "Nous avons quatre ans pour travailler et on espère aboutir à quelque chose qui sera durable pour le futur et les générations à venir", insiste-t-il.
Un rôle actif pendant la campagne de Donald Trump
Chrétien maronite et issu d’une famille de confession grecque orthodoxe, Massad Boulos est un républicain de longue date. Il a activement pris part à la campagne présidentielle américaine, s'impliquant notamment pour convaincre la communauté arabe de certains États clés de voter pour Donald Trump, notamment dans le Michigan.
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Une stratégie qui semble avoir porté ses fruits puisque Donald Trump l’a emporté dans cet État, tout comme dans les autres "swing-states". De nombreux habitants du Michigan auront également sans doute voulu sanctionner l'administration Biden pour son soutien à Israël dans les guerres qu'il mène à Gaza et au Liban.

Pendant la campagne présidentielle, Donald Trump a répété à maintes reprises qu'il mettrait un terme au conflit entre Israël et le Hamas, sans jamais dévoiler de plan pour cela. Massad Boulos avait expliqué en octobre partager la même philosophie. Israël "a des objectifs militaires à atteindre, à savoir se débarrasser de l'infrastructure du Hamas et de sa capacité à lancer de nouvelles attaques", avait-il reconnu dans un entretien à Sky News. Mais "ils doivent le faire très rapidement. (...) Cela ne peut pas durer éternellement", avait-il ajouté.
Éducation au Texas, fortune au Nigeria, échec électoral au Liban
Le site du quotidien britannique Financial Times rappelle que Massad Boulos a quitté le Liban pour le Texas à l'adolescence afin d’étudier à l'Université de Houston. "Après avoir obtenu son diplôme, Massad Boulos a rejoint l’entreprise automobile familiale au Nigeria, où il a pris la tête de Scoa Motors et de Boulos Entreprises, qui dominent le marché nigérian des motos et des véhicules", indique le journal. Et bien qu’il n’y ait aucune estimation de sa fortune, Massad Boulos est couramment qualifié de milliardaire.
Dans son pays d'origine, le Liban, Massad Boulos, a tenté quelques incursions dans la vie politique. Il aurait ainsi tenté, sans succès, de se faire élire lors des élections législatives de 2009, selon le New York Times - une candidature qu'il a ensuite nié, assurant ne pas être attaché à un parti politique.
En coulisses, le quotidien américain précise qu’il est "cependant considéré comme ayant des liens étroits avec l'élite chrétienne du pays." Il s'est aussi "présenté comme un ami de Souleiman Frangieh, qui avait été désigné par les dirigeants du Hezbollah comme le premier choix du groupe pour la présidence du Liban, et qui est étroitement allié au président syrien Bachar al-Assad".
Le New York Times explique également qu'en septembre dernier, "alors que Massad Boulos était occupé à faire campagne dans le Michigan pour Donald Trump, il a également rencontré Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York".
"À l'époque, il a déclaré au NYT que la rencontre était 'purement personnelle', bien que les responsables palestiniens l'aient décrite comme faisant partie d'un effort de sensibilisation auprès de Donald Trump." Le nouveau conseiller pour le Moyen-Orient avait déjà aidé à remettre une lettre de Mahmoud Abbas à Donald Trump en juillet, dans laquelle ce dernier souhaitait bonne chance au second la tentative d'assassinat dont il avait été victime.
La site d’informations Mondafrique précise que Massad Boulos "a gardé des liens étroits avec sa famille restée au Liban." Le ministre de l'Économie du pays du Cèdre Amin Salam a de son côté évoqué dans un message sur X que "la présence de l'ami respecté et actif Massad Boulos dans l'équipe du président américain Donald Trump est une opportunité historique que nous devons tous saisir".
"Cette nomination reflète l'engagement du président Trump à donner au Liban et à la région arabe une place importante dans son agenda de paix et de prospérité", peut-on également lire dans un autre message du ministre.
Avec AFP