Pénurie de carburant en Cisjordanie: “J’ai attendu deux heures à la station, pour rien”
Depuis le début de la guerre Israël-Iran le 13 juin, les files d’attente s’allongent devant les stations-service en Cisjordanie occupée.
Les habitants affluent pour faire le plein de carburant ou acheter du gaz, dans une atmosphère de panique alimentée par la guerre.
Si les autorités palestiniennes assurent que l’approvisionnement continue normalement, sur le terrain, les pompes sont souvent à sec, comme le montre plusieurs vidéos et témoignages d’habitants diffusés sur les réseaux sociaux.
“Beaucoup de véhicules sont à l’arrêt.”
Sundus Ali, journaliste, habite à Tulkarem, ville du nord de la Cisjordanie.
Dès que cette guerre a commencé entre Israël et l’Iran, les effets se sont fait sentir immédiatement chez nous. Depuis six jours, les gens se ruent sur les stations pour remplir leur réservoir, acheter du diesel ou même stocker du gaz de cuisson.
Certains remplissent des bidons pour garder une réserve chez eux. Résultat : une pression énorme sur les stations. Moi, j’ai attendu deux heures à la pompe. Quand mon tour est enfin arrivé… Il n'y avait plus une goutte d’essence.
Le diesel, plus utilisé par les camions et transports en commun, est encore plus difficile à trouver. Beaucoup de véhicules sont à l’arrêt.
Selon Reuters, la fermeture temporaire de deux des trois champs gaziers offshore israéliens, en raison du conflit, a réduit de près de deux tiers la production de gaz en Israël.
Cette baisse importante affecte l’approvisionnement en Cisjordanie, avec des conséquences sur la disponibilité du carburant. Par ailleurs, des camions-citernes normalement destinés à approvisionner les stations-service palestiniennes ont été redirigés vers l'armée israélienne, selon Mohammad Abu Al-Rob, directeur du centre de communication de l’Autorité palestinienne.
Outre le carburant, le gaz de cuisson a aussi disparu des rayons, explique Sundus.
Depuis quatre jours, impossible de trouver une bouteille de gaz à Tulkarem. Les stations nous disent de commander une bonbonne pour dans dix jours. Le prix a explosé. Une bouteille pleine coûtait moins de 60 dollars avant cette guerre, elle est montée à 90 dollars en six jours !
Face à cette flambée des prix, certains habitants ont recours à des méthodes rudimentaires, poursuit Sundus : ceux qui n’ont plus de gaz utilisent du bois, allument des feux en extérieur. On revient à des pratiques qu’on pensait oubliées.
Des barrages à travers toute la Cisjordanie
La pénurie est aggravée par un autre facteur : le maillage militaire de la Cisjordanie.
Il y a près de 900 checkpoints et barrages depuis, du nord au sud de la Cisjordanie. Les routes entre les villes palestiniennes sont complètement bloquées : on ne peut pas se déplacer entre Tulkarem et Ramallah, entre Jenin et Naplouse…
Selon Sundus, cela devrait logiquement entraîner une baisse de la consommation.
On ne peut circuler qu’à l’intérieur des villes. Alors pourquoi consommer autant d’essence ? Mais les gens paniquent. Même ceux qui n’en ont pas besoin remplissent leurs réservoirs pour 60 ou 100 dollars.
Les stations gardent peut-être du carburant en réserve, mais elles refusent de le distribuer. Et pendant ce temps, nous, citoyens, on ne trouve rien à mettre dans nos voitures. C’est une vraie crise.
“Il faut être responsable”
Face à cette situation, Sundus appelle à un sursaut de responsabilité collective.
Si on n’as pas besoin de faire le plein, on ne doit pas le faire. N’abuse pas. On devrait tous consommer selon nos besoins. Mais les gens ont peur, et ça empire les choses. On fait avec. On limite les trajets. On reste en ville. On attend. Que Dieu nous aide.