Troupes au sol, achats d’armes, surveillance de la mer Noire... Ce que l'on sait des «garanties de sécurité» envisagées pour l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron copréside jeudi à l’Elysée une réunion de la «Coalition des volontaires», qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev (une trentaine de pays, essentiellement européens), en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. L’objectif du jour ? Échafauder un plan pour assurer la sécurité future de l’Ukraine. Ces garanties de sécurité comprennent un soutien à l’armée de Kiev et des volets terrestre, maritime et aérien. Seulement, sa mise en œuvre reste conditionnée à un arrêt des combats très hypothétique.

Soutien à l'armée ukrainienne

Alors que la Russie réclame la démilitarisation de l'Ukraine, la principale garantie de sécurité pour Kiev est l'armée ukrainienne elle-même, font valoir ses alliés. Forte de plus de 800.000 militaires, elle est «l'armée la plus aguerrie d'Europe par la force des choses», observe-t-on à l'Élysée.

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Il s'agit donc pour les pays de la coalition, dont font également partie le Japon, l'Australie et le Canada, de «consolider les armées ukrainiennes dans la durée (...) à la fois en volume, en force, en financement, en capacité opérationnelle», en continuant leur soutien à l'achat d'armements et au développement de l'industrie de défense ukrainienne, explique la présidence française.

Au 30 juin, les Européens avaient fourni pour 167 milliards d'euros d'aide militaire, humanitaire et financière à Kiev depuis l'invasion en février 2022, les Etats-Unis près de 115 milliards. Ce soutien passe aussi par la poursuite de la formation de militaires ukrainiens en Ukraine ou dans les pays européens. Plus de 130.000 Ukrainiens ont été formés depuis 2022 dans le cadre des missions européennes Eumam (80.000) et britannique Interflex (56.000).

Troupes au sol

Un déploiement de troupes européennes sur le territoire ukrainien est l'aspect le plus symbolique, sans doute le plus épineux, dont la Russie ne veut pas entendre parler.

La France, le Royaume-Uni, toutes deux puissances nucléaires, ou encore les pays baltes se sont dit prêts ces derniers mois à participer à une telle mission, une fois que les combats auront cessé. Mais «ceux qui ont les gros bataillons au sol en Europe ne veulent pas y aller, Varsovie et Berlin pour l'instant disent non», observe le chercheur indépendant Stéphane Audrand. Le président français Emmanuel Macron a évoqué un déploiement de «quelques milliers d'hommes». «Ces forces-là n'ont pas vocation à tenir une ligne de front ni à être engagées sur un conflit chaud, mais à signer une solidarité d'un point de vue stratégique», a-t-il expliqué mi-août.

«Il ne s'agit pas de faire monter le niveau de violence mais d'afficher notre détermination à maintenir la paix», a souligné au journal Libération et à Politico le général français Thierry Burkhard, qui vient de quitter ses fonctions de chef d'état-major. D'après lui, «les règles d'engagement seront donc normalement de l'ordre de l'autodéfense».

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Le volume de forces européennes devra être «suffisamment significatif pour incarner la volonté des Européens de soutenir Kiev et suffisamment dissuasif pour convaincre la Russie de ne pas réattaquer» au risque de s'en prendre à des militaires membres de pays de l'Otan, selon un haut gradé européen.

Volets maritime et aérien

Le volet maritime prévoit la surveillance de la navigation en mer Noire, dont l'accès via les détroits turcs a été fermé par Ankara au début du conflit.

«Les Turcs font partie de la coalition des volontaires et ils ont la responsabilité de monter le plan pour la mer Noire», selon le chef d'état-major de la marine française, l'amiral Nicolas Vaujour, pour qui «il faudra déminer» certaines zones pour garantir la sécurité du trafic maritime.

Sur le volet aérien et antiaérien, le flou demeure sur les dispositifs qui seraient mis en place, leur localisation -Ukraine ou pays limitrophes?- et les pays prêts à y prendre part.

Le «filet de sécurité» américain

La plupart des membres de la coalition exigent l'existence d'un «filet de sécurité» (backstop) américain comme condition à tout engagement de leur part.

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Le président américain Donald Trump «a dit aux leaders européens à Washington au mois d'août qu'il était prêt à réfléchir, qu'il était prêt à travailler», selon la présidence française. Si Washington a exclu tout déploiement de forces américaines au sol, le soutien américain pourrait pallier les carences européennes dans le domaine des systèmes de commandement et contrôle, du renseignement, ou de la défense sol-air, selon un haut gradé européen.

La «coalition des volontaires» serait dirigée depuis un quartier général implanté pour un an à Paris, avant de basculer à Londres l'année suivante, ont convenu les deux capitales en juillet.