À Lyon les écologistes taillent dans les dépenses des grosses structures culturelles et sportives pour maintenir le soutien aux plus modestes
Prendre aux structures les plus riches pour maintenir les capacités des plus fragiles. Le président écologiste de la métropole de Lyon avait revêtu les habits verts et rouges de Robin des bois à l’heure de présenter les économies de fonctionnement opérées pour le budget 2025, ce vendredi. À la tête de la plus puissante collectivité de France avec ses près de 4 milliards d’euros de budget annuel, Bruno Bernard (EELV), est un élu particulièrement concerné par le contexte de réduction des dépenses publiques. Entre la baisse des recettes de la collectivité et des dotations de l’État, le budget qu’il soumettra au vote en début de semaine prochaine intègre une perte de 60 millions d’euros.
«Nous avons subi un effet ciseaux terrible avec une augmentation très forte des dépenses sociales, de l’ordre de 8,5% en 2023, et une chute des recettes liée à la baisse des droits de mutation (les frais de notaires, NDLR) , qui représente 160 millions d’euros de moins entre 2022 et 2024, a-t-il présenté à la presse en amont du conseil métropolitain de lundi. Dans le contexte économique demander efforts aux collectivités territoriales est logique mais c’est excessif pour les départements qui n’ont pas les marges de manœuvres des communes sur la taxe foncière.»
Moins 1,4 million pour le musée des Confluences
Dans ce contexte, la collectivité qui regroupe 59 communes du Grand Lyon a fait le choix de tailler dans ses dépenses de fonctionnement «pour conserver notre capacité à investir pour l’avenir et la transition écologique», a précisé Bruno Bernard, soulignant une dette maîtrisée. Le budget d’investissement augmente ainsi de 50 millions d’euros en 2025, malgré l’austérité ambiante. Un total de 700 millions fléchés vers la poursuite du déploiement des voies lyonnaises, le maintien des aides à la pierre, la construction d’un collège à Vénissieux ou encore l’acquisition de réserves foncières.
La majorité plurielle de gauche écologiste a décidé de sanctuariser ses compétences sociales héritées du département ainsi que sa politique de construction de logements neufs et l’adaptation au changement climatique. Mais des coupes il a bien fallu en faire dans le fonctionnement de certaines institutions. La culture a été mise à contribution, son bateau amiral du musée des confluences en tête. Comme annoncé par Le Figaro, il perdra 1,4 million d’euros de subvention en 2025. «C’est un risque mais c’est jouable au vu de la progression des entrées», assume Cédric Van Styvendael (PS), maire de Villeurbanne et vice-président délégué à la culture. Les 700.000 entrées réalisées l’an dernier ont en effet constitué un record marquant. «Nous sommes la seule collectivité financeuse et sommes donc pleinement engagés et à l’écoute», poursuit l’élu, rappelant les 12 millions d’euros de trésorerie du musée.
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Austérité pour les gros clubs et les services de la métropole
«Nous n’avons pas voulu de baisse générale pour ne pas pénaliser les petites structures, on a souhaité travailler avec grosses structures», abonde Bertrand Artigny (EELV), vice-président délégué aux finances. Les cinq autres principales institutions culturelles du territoire que sont les Nuits Fourvière, les Biennales d’art contemporain et de danse, le musée Lugdunum, et le Festival Lumière sont aussi mises à contribution. Idem, dans une bien moindre mesure pour le théâtre des Céléstins, le Planétarium, la Fête des lumières et la Cité de la gastronomie. «Pour la Fête des Lumières ce sont 80.000 euros qui n’existaient pas à notre arrivée, précise Bruno Bernard. Nous avions pu les mettre, mais nous ne pouvons plus». «Même comme ça, nous restons en progression de 1,5 million pour la culture sur le mandat», poursuit Cédric Van Styvendael.
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Côté sport, même logique avec une baisse des dotations pour l’OL masculin, l’Asvel et le Lou rugby. «Nous avions déjà baissé à notre arrivée, nous l’avons refait pour pouvoir garder notre soutien au sport féminin, aux sections handicap, à la formation des éducateurs et à la prévention des violences sexuelles et sexistes», détaille Bruno Bernard. Les dépenses de communication vont aussi être réduites. Le président de la métropole espère une embellie sur les droits de mutation d’ici deux ans pour desserrer la ceinture de ces postes de dépense. Le vote de l’augmentation de ces droits dès lundi devrait permettre 12 millions d’euros annuels de recettes supplémentaires selon lui.
Mais pour l’heure ce sont les réductions d’effectifs parmi les près de 10.000 agents de la métropole qui cristallisent les tensions. La métropole a notamment annoncé le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux. Avec la crainte d’une dégradation du service public à la clé. Un préavis de grève a d’ailleurs été déposé pour ce lundi.