Classement de Shanghai 2024 : les universités françaises montent en puissance
Harvard, Stanford et le Massachusetts Institute of Technologie (MIT). À chaque publication du classement de Shanghai, l’hégémonie des États-Unis reste inchangée, comme figée dans le marbre. Cette année encore, les prestigieuses universités américaines s’imposent en haut du classement établit par la ShanghaiRanking Consultancy, qui distingue les 1000 meilleurs établissements du monde. Souvent habituées aux rangs inférieurs, les universités françaises ont de quoi se réjouir : alors qu’elles avaient déjà repris des couleurs en 2023, elles confirment cette année leur montée en puissance.
Le top 10 de ce classement est toutefois, comme l’an dernier, entièrement anglophone. Derrière le podium, Cambridge (4e) et Oxford (6e) imposent l’étendard britannique au milieu des établissements américains comme Berkeley (5e), Princeton (7e), Caltech (8e), Columbia (8e ex aequo) et l’université de Chicago (10e).
Un résultat salué par le ministère
Mais le drapeau tricolore progresse. Après avoir été classée 15e en 2023, l’université française Paris-Saclay gagne 3 rangs et se hisse à la 12e place. L’établissement public expérimental né en 2020 et regroupant plusieurs écoles comme CentraleSupélec, AgroParisTech ou encore les instituts universitaires technologiques (IUT) de Cachan, Orsay et Sceaux, poursuit son ascension, puisqu’elle avait déjà gagné une place l’année dernière. Un résultat dont Camille Galap, récemment élu président de l’établissement, «ne peut que se réjouir». «Ce classement est celui de toutes les équipes des 220 laboratoires qui donnent le meilleur dans leurs domaines respectifs et montrent qu'elles savent aller vers les ruptures scientifiques de demain», indique-t-il au Figaro.
Le président salue également l’augmentation du nombre de ses chercheurs «hautement cités», l’un des critères retenus par le classement de Shanghai. «Nous n’avons pas connu de forte variation du nombre de chercheurs cette année mais ils sont 26 à avoir été fortement cités, contre 22 en 2022», poursuit Camille Galap. Au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, on se réjouit aussi de ce «record» et de la «réussite française». La ministre Sylvie Retailleau, ancienne présidente de l’université Paris-Saclay, salue «la meilleure position enregistrée par un établissement français depuis la création du classement». Et de préciser : «J’ai l’habitude de dire qu’un classement ce n’est pas l’alpha et l’oméga, mais cela reste une fierté».
Les universités françaises font preuve d'une compétitivité accrue dans le dernier classement avec 25 universités classées dans le Top 1000 et 18 d'entre elles dans le Top 500
Au-delà de Paris-Saclay, le reste du classement souligne un mouvement de fond : les universités françaises n'ont certes pas les mêmes résultats que les américaines ou même les britanniques, mais elles gagnent progressivement du terrain. En témoigne la progression des 4 autres universités françaises qui figurent dans le top 100. Paris Sciences et Lettres (PSL), qui regroupe 11 établissements parmi lesquels Dauphine, Mines Paris et l’École normale supérieure (ENS), affiche une hausse considérable en passant de la 41e à la 33e place. Une «belle progression», reconnaît l’établissement interrogé par le Figaro, qui «confirme» sa place «parmi les universités du Top 50».
Sorbonne Université gravit de son côté 5 places pour accéder au 41e rang, juste derrière l’université d’Edimbourg. Enfin, l’université Paris-Cité continue elle aussi sa percée. Après être entrée l’année dernière dans le top 100, elle passe de la 69e à la 60e place. «Les universités françaises font preuve d’une compétitivité accrue dans le dernier classement avec 25 universités classées dans le Top 1000 et 18 d'entre elles dans le Top 500», note ShanghaiRanking Consultancy. La France est d’ailleurs le 7e pays le mieux classé du top 100, derrière l’Allemagne, la Suisse, l’Australie, le Royaume-Uni et bien sûr la Chine ainsi que les États-Unis.
Les critères favorisent les États-Unis
L'hégémonie américaine sur le classement s'explique surtout par les 6 critères pris en compte, à savoir le nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les anciens élèves et les enseignants, le nombre de professeurs les plus cités dans leur discipline, le nombre de publications dans les revues scientifiques Nature et Science ou indexés dans le Science Citation Index- Expanded et le Social Science Citation Index, ainsi qu'une pondération par rapport à la taille de l'institution.
Lorsque Shanghai établit ce nouveau palmarès en 2003, l’objectif est limpide : «comprendre ce qui fait la performance et la réussite des établissements américains afin que ceux chinois puissent s’en inspirer», résume Fabien Eloire, professeur de sociologie à l’université de Lille. D’où la prépondérance de critères quantitatifs et de l’excellence de la recherche. La qualité pédagogique, l’insertion professionnelle des diplômés ou encore les efforts des établissements en matière d’écologie n’y sont pas mis en valeur, contrairement à d’autres classements tout aussi prestigieux comme celui du Quacquarelli Symonds (QS) ou du Times Higher Education (THE).