100 jours de Trump : la Maison-Blanche place sur sa pelouse des «mugshots» d’immigrés accusés de crimes

Cent photos d’identité judiciaire plantées sur les pelouses de la Maison-Blanche pour célébrer les 100 jours premiers jours de Trump au pouvoir. La porte-parole de Washington Karoline Leavitt a publié mardi sur le réseau social X une vidéo montrant des dizaines de photos de personnes présentées comme des immigrés en situation irrégulière, et coupables de divers crimes et délits, installées aux abords de la résidence du président. «Bonjour de la Maison-Blanche», a écrit en légende de son post la représentante républicaine.

«Viol», «meurtre», «vente de fentanyl», «pornographie infantile», «agressions sexuelles»... Sous les portraits de ces accusés, dont l’identité n’est pas révélée, des écriteaux rouge criard indiquent les malversations ayant conduit ces personnes à être arrêtées depuis le retour au pouvoir le 20 janvier du Républicain. Ces affiches jalonnent l’allée «Pebble Beach», où viennent se placer chaque jour les caméras du monde entier pour filmer le bâtiment présidentiel. L’objectif : voir les portraits en arrière-plan des journalistes qui sont filmés en duplex, confirme un responsable au site d’informations américain Axios.

«Nous vous traquerons»

«Sous Joe Biden, ce sont les clandestins criminels qui menaient la danse. Sous la présidence de Trump, c’est une nouvelle aube, un nouveau jour, une nouvelle vie pour l’Amérique – et nous nous sentons bien», a ensuite écrit la Maison-Blanche sur son compte Instagram. Avant de renchérir, cette fois-ci sur son compte X : «Nous vous traquerons. Vous serez traduits en justice. Vous serez expulsé et vous ne remettrez plus jamais les pieds sur le sol américain».

Mardi 29 avril marque les 100 premiers jours du gouvernement de Donald Trump, qualifiés lundi par Karoline Leavitt de «plus monumentaux et historiques de tous les gouvernements de l’histoire américaine». Et pour présenter ce bilan sous son meilleur jour, le gouvernement a misé en priorité sur les politiques du président-milliardaire concernant l’immigration, l’un des axes majeurs de sa campagne présidentielle, qualifié par Karoline Leavitt d’«effort historique du président pour sécuriser » la frontière sud du pays.

«Si vous êtes un étranger en situation irrégulière aux États-Unis, ce message vous est destiné. Vous ne pouvez pas vous cacher de l’ICE. Nous vous recherchons activement», a d’ailleurs martelé à ce sujet Tom Homan, chef de l’agence de contrôle de l’immigration et des douanes (ICE). «Nous avons la frontière la plus sûre de notre nation», s’est encore enthousiasmé ce dernier, qui n’a pas hésité à accuser, en termes à peine voilés, le précédent président démocrate Joe Biden d’avoir sciemment laissé des migrants en situation irrégulière rester sur le territoire américain dans l’espoir d’en tirer plus tard un profit électoral.

Imbroglios judiciaires

Lundi après-midi, Donald Trump a également signé plusieurs décrets, portant à plus de 150 ceux liés à l’immigration. L’un d’entre eux doit renforcer les prérogatives des forces de l’ordre, quand le second doit déboucher sur une «liste» de villes et États qui font «obstruction», selon la Maison-Blanche, à l’application de la politique d’expulsions massives de migrants. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les États-Unis ont procédé à des expulsions massives d’immigrants accusés d’être en situation irrégulière. Si le nombre de migrants expulsés depuis avril n’est pas clairement documenté, le département de la sécurité intérieure des États-Unis indiquait en février au magazine Newsweek que près de 5700 immigrés clandestins avaient été expulsés au cours des deux premières semaines du retour de Trump au pouvoir. La Maison-Blanche citait à la même époque 6000 expulsions auprès du Daily Mail. Soit environ 400 expulsions par jour. Ce 12 mars, la chaîne NBC rapportait, en exclusivité, que 11.000 expulsions avaient eu lieu en février 2025 (soit 393 par jour).

Cette politique plus qu’offensive a néanmoins donné lieu à d’importantes batailles judiciaires. En témoigne l’imbroglio judiciaire autour du cas de Kilmar Abrego Garcia, ressortissant salvadorien qui habitait dans l’État du Maryland depuis quelques années, expulsé dans son pays d’origine au début du mois de mars. Si l’administration américaine a depuis reconnu que son expulsion était une «erreur administrative», elle ne s’est en revanche pas engagée à le laisser revenir, laissant entendre qu’il pourrait appartenir à un gang. La Cour suprême s’est ensuite emparée de l’affaire, jugeant d’abord que les expulsions pouvaient se poursuivre tant qu’elles bénéficiaient d’une procédure régulière, avant de bloquer le 19 avril toute nouvelle déportation suite à un recours déposé en urgence par des avocats spécialisés en droits humains.

Les sondages publiés récemment dans les médias américains font cependant état d’une cote de popularité en berne du président américain. Une enquête publiée par Washington Post-ABC News-Ipsos l’estime même à plus de dix points inférieure à celle de Joe Biden au même moment de son mandat.