À Échirolles, les habitants d’un immeuble évacués en urgence pour échapper au trafic de drogue

C’est une décision non négociable. Ce mardi 24 septembre, les habitants de l’immeuble «Le Carrare» à Échirolles, en banlieue de Grenoble, ont été sommés de quitter leur logement dans les 72 heures, par le biais de deux arrêtés municipaux. Dans un communiqué de presse, la maire de la commune d’Isère, Amandine Demore, estime qu’ils s’exposent à un «danger de mort permanent», l’immeuble se dégradant rapidement à cause du trafic de drogue.

Les propriétaires et locataires des 80 appartements doivent donc partir urgemment, pour une durée d’au moins trois semaines. Et pour cause : depuis 2021, les trafiquants se sont saisis de l’immeuble, squattant appartements et autres cages d’escalier. Comme le raconte Le Monde , les tableaux électriques ont été détériorés, les portes en bois des armoires étant utilisées comme combustible pour faire du feu dans les poubelles et pouvoir se réchauffer pendant l’hiver, alors qu’ils guettent. Ainsi, selon des expertises menées depuis avril dernier, les habitants sont vivement menacés d’incendie et d’électrocution. 

De quoi «pourri[r] la vie des résidents et des riverains de cet immeuble du centre-ville depuis plusieurs années», ajoute la maire dans son communiqué. «Sans compter l'évolution récente du climat insécuritaire en lien avec les fusillades liées à la guerre de gang touchant le territoire ces dernières semaines.»

Un dispositif d’aide au relogement 

Ceux qui peuvent se loger chez des amis ou de la famille sont invités à le faire, mais pour veiller à la mise en sécurité des résidents, la mairie indique avoir sollicité la Caisse centrale d’activités sociales pour « mettre en place un accompagnement social, ainsi que de veiller à la mise à l'abri, par un relogement d'urgence, des habitants impactés par la fermeture de ce bâtiment»

Ces derniers mois, la situation à Échirolles s’est largement dégradée en raison du trafic de drogue. Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises au bâtiment de la Carrare pour tenter de démanteler le réseau. Toutefois, durant l’été, des fusillades ont éclaté, blessant à plusieurs reprises des personnes, dans et devant l’immeuble, les 30 juillet et 6 août. Chassé de chez lui par les dealers, un locataire de la résidence a également sauté de son appartement situé au premier étage dans la nuit du 6 au 7 août. Enfin deux jours plus tard, un fusil d’assaut, deux chargeurs, un pistolet, deux gilets pare-balles et un casque lourd militaire sont découverts dans l’immeuble, rappelle Le Dauphiné Libéré . Au bout de dix jours, un suspect est finalement interpellé, mis en examen pour «détention d'armes et trafic de stupéfiants» puis placé en détention provisoire.