Dermatose nodulaire : l'urgence de la vaccination des bovins

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Les gendarmes ont pris position aux abords d'une ferme pour encadrer l'intervention, alors que les services vétérinaires procèdent à l'abattage d'un troupeau entier. 90 bêtes ont été euthanasiée l'exploitation de Pierre-Jean Duchêne, située au cœur du foyer d'infection. France Télévisions avait rencontré le jeune éleveur de 28 ans la semaine précédente. Il ne pouvait alors se résoudre à voir disparaître son troupeau. "Imaginez ce bâtiment vide demain. Moi, clairement, ça m'empêche de dormir de toute façon. Et je pense que je ne m'en remettrai pas", disait-il.

Depuis ce jour, de nouvelles bêtes de son troupeau ont présenté des symptômes de dermatose nodulaire. L'abattage préventif est la mesure, radicale, qui s'applique. Le jeune homme, éprouvé, n'a pas souhaité être présent. Certains éleveurs qui l'ont soutenu ont assisté à l'intervention ce mardi 22 juillet. "C'est inhumain, ce qu'il se passe. Les éléveurs ne peuvent pas assumer ça. Ils pleurent tous à mesure que les bêtes tombent", confie, en larmes, Christian Convers, éleveur et secrétaire général de la Coordination rurale. 

Une vaste campagne de vaccination 

Dans la région, une vaste campagne de vaccination a été lancée dans un rayon de 50 kilomètres autour des foyers infectieux. Sur l'exploitation de la famille Rosay, 125 bêtes ont reçu l'injection dans l'après-midi de mardi. Les premières doses ont été livrées cinq jours plus tôt. Une course contre la montre pour les vétérinaires, tant la maladie se propage rapidement.

"On en a 12 000 à faire en 15 jours, et l'unité met à peu près au moins trois semaines à se mettre en place. C'est pour ça que c'est urgent de vacciner le plus vite possible", explique Thomas du Terrail, vétérinaire. Avec 21 jours d'attente avant l'immunité vaccinale, les éleveurs vont devoir rester vigilants, conscients des risques malgré la vaccination. "Ce qu'on redoute, c'est qu'on ait une bête qui soit positive d'ici les 21 jours et qu'on soit contraint d'abattre le troupeau", confie Éric Rosay.

La maladie ne présente aucun risque pour l'homme, mais une réglementation européenne bloque la commercialisation des fromages produits avec du lait issu d'élevages touchés, et ce jusqu'à 28 jours avant la confirmation des cas. En Savoie, 200 tonnes de fromages sont ainsi bloquées dans les coopératives. "C'est quand même 2 millions d'euros de pertes économiques pour une filière savoyarde fromagère, ce qui n'est pas acceptable. La profession a assez de soucis avec cette maladie pour ne pas en rajouter d'autres", avance Thomas Dantin, éleveur et président des "Fromages de Savoie". Les éleveurs en appellent au ministère de l'Agriculture pour débloquer la situation.