Viviane Sassen était presque méconnaissable, le 29 novembre dernier, lorsque la reine Maxima des Pays-Bas a visité son exposition à la Maison européenne de la photographie (MEP), aux portes du Marais. Tailleur noir, chignon, maquillage neutre, elle paraissait soudain une version incongrue et très classique d’elle-même, à côté de la reine, en robe trench beige et hauts escarpins assortis. Sur les photos officielles, c’est la reine Maxima qui a tout d’une cover-girl, et l’artiste, tout d’une sage dame de compagnie.
Et pourtant, née en 1972 à Amsterdam, Viviane Sassen, qui a grandi au Kenya, a abordé le monde de la photographie d’abord comme modèle. Avant de renverser l’appareil et de saisir la beauté et l’étrangeté du monde à sa manière puissante et sensible, par des images construites comme des tableaux ou des collages surréalistes. Usant de la mode comme d’un paravent, elle a créé son langage visuel bien à elle, où le corps est sculpture, où la peau est soie, où la couleur éclate, à l’image…