« Fuck Spotify » : les investissements de Daniel Ek dans le secteur de l’armement font enrager artistes et abonnés
Le Suédois Daniel Ek, PDG de Spotify, a récemment investi 600 millions d’euros dans une start-up allemande spécialisée dans le matériel militaire, après avoir vendu plus de 800 millions d’euros d’actions de sa plateforme de streaming ces derniers mois. Fondée en 2021 à Munich, Helsing produit notamment des logiciels militaires basés sur l’intelligence artificielle, comme les drones HX-2 employés en Ukraine.
Quel lien alors, entre le Suédois et Helsing ? L’intelligence artificielle. Helsing développe un système qui permet d’intégrer des pilotes IA dans les cockpits des avions de chasse. La plateforme Spotify a, quant à elle, été sévèrement critiquée pour avoir intégré de la musique et des artistes générés par l’IA dans ses playlists populaires. Manière d’augmenter sa rentabilité, ce qui avait fait scandale à la parution de l’enquête de la journaliste américaine Liz Pelly dans son livre Mood Machine.
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Passer la publicitéLes appels au boycott augmentent
Ce n’est pas la première fois que Daniel Ek, devenu milliardaire à 35 ans, s’intéresse au secteur de l’armement. En 2021, il avait déjà investi environ 100 millions dans Helsing, ce qui était passé plus ou moins inaperçu. Aujourd’hui, les choses bougent. Plusieurs utilisateurs de Spotify appellent au boycott de la plateforme et des musiciens se sont joints au mouvement. Le prolifique groupe de rock australien King Gizzard and the Lizard Wizard a déclaré samedi dans un message publié sur les réseaux sociaux : « Fuck Spotify », annonçant qu’il allait retirer son catalogue du service de streaming. Le groupe de rock indépendant Deerhoof, originaire de San Francisco, a également déclaré ne pas vouloir « soutenir des crimes avec sa musique » et entend supprimer l’ensemble de sa discographie de la plateforme.
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Ces vents mauvais s’ajoutent à plusieurs polémiques qui frappent le numéro 1 mondial de la musique en streaming. De nombreux artistes se sont ainsi plaints du manque de transparence et des rémunérations qu’ils jugeaient injustes. Tout comme Taylor Swift, Neil Young, considéré comme l’un des plus grands détracteurs de Daniel Ek, avait temporairement retiré sa musique du service de streaming, Pendant la pandémie, le musicien canadien s’était montré particulièrement critique envers le site de streaming, lui reprochant d’offrir une plateforme à Joe Rogan, star américaine des podcasts et complotiste antivax.
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« Une fois Spotify, toujours Spotify. »
Avec l’affaire Helsing, l’appel au boycott se propage et les utilisateurs échangent entre eux à la recherche d’alternatives. Les 678 millions d’utilisateurs actifs de Spotify lorgnent sur les offres concurrentes comme Youtube Music, Apple Music, Tindal ou encore Amazon Music… Combien passeront le pas ? Difficile pour un artiste de bouder complètement le leader du secteur. Au deuxième trimestre 2025, le nombre de clients payants de la plateforme a augmenté de huit millions. En présentant ces chiffres mardi, Daniel Ek n’a pas caché que les menaces de boycott l’impressionnaient peu, affirmant que les utilisateurs lui sont fidèles : « Une fois Spotify, toujours Spotify. »