Un important incendie qui a fait des dizaines de morts et de disparus, et qui relance le débat des célèbres échafaudages en bambou de Hongkong. Hier, sept des huit tours d’habitation du complexe Wang Fuk Court, situé dans le quartier de Tai Po dans le nord de Hong Kong, ont pris feu. Le dernier bilan provisoire faisait état de 65 morts et de 279 personnes toujours portées disparues.
Les causes du départ de feu n’ont pour le moment pas été établies. Mais les autorités estiment que les échafaudages en bambou, enveloppés de filets et de bâches en plastique qui recouvraient les façades, ont facilité la propagation. La police soupçonne que plusieurs de ces matériaux ne répondaient pas aux normes de sécurité incendie. Une enquête anticorruption a même été ouverte.
Passer la publicitéTradition en Chine
L’utilisation d’échafaudages en bambou est une pratique ancestrale en Chine, où ces grandes tiges sont un symbole de grâce et de force morale. La célèbre plante verte aurait même été utilisée pour les échafaudages et les outils lors de la construction de la Grande Muraille de Chine. Le bambou est également le matériau utilisé pour construire les scènes d’opéra cantonais, et le savoir-faire qui y est associé est inscrit au patrimoine culturel immatériel de Hongkong. La région est d’ailleurs l’un des derniers bastions qui fait perdurer cet artisanat ancestral. Malgré sa modernité, elle compte encore environ 2500 maîtres échafaudeurs en bambou, selon les chiffres officiels.
Ces vingt dernières années toutefois, face à la hausse de production d’acier, l’échafaudage en bambou a été largement abandonné au profit d’échafaudages et de fixations métalliques plus robustes. Le nombre d’échafaudeurs métalliques est d’ailleurs environ trois fois supérieur à celui des échafaudeurs traditionnels.
«Meilleure adaptabilité, coût d’utilisation plus bas»
Chau Sze Kit, président du syndicat général des employés de l’industrie de la construction de Hongkong, a profité d’une interview au média chinois Red Star News ce jeudi 27 novembre, pour détailler les atouts des échafaudages en bambou. «Hongkong et Macao sont, à ma connaissance, les deux seuls endroits au monde où on les utilise encore», a-t-il indiqué.
Le président du syndicat explique que ces deux régions sont situées dans des zones étroites et vallonnées, où les bâtiments sont densément regroupés, créant de nombreux angles irréguliers. «L’échafaudage en bambou offre une plus grande flexibilité et une meilleure adaptabilité que l’échafaudage métallique lors de la construction», poursuit-il.
Autre avantage : le coût d’utilisation de l’échafaudage en bambou est, selon lui, environ deux fois moins élevé que celui de l’échafaudage métallique. Une affirmation que Le Figaro n’a pu confirmer.
Passer la publicité22 décès en cinq ans
Toutefois, l’utilisation d’échafaudages en bambou n’est malheureusement pas sans risque. Selon des chiffres officiels hongkongais, 22 décès impliquant des travailleurs sur de tels échafaudages ont été recensés entre 2019 et 2024. Le mois dernier, l’un de ces édifices temporaires a même pris feu sur la tour Chinachem, dans le quartier des affaires de Central de Hongkong.
En mars 2025, le Bureau du développement de la région - qui a un régime administratif spécial - a annoncé qu’au moins la moitié des projets gouvernementaux devraient dès lors utiliser des échafaudages métalliques, dans le but de promouvoir progressivement l’application des technologies modernes et d’améliorer la sécurité des travailleurs.
Ce jeudi, le chef de l’exécutif hongkongais John Lee a déclaré à la presse que son gouvernement envisageait de rendre obligatoire l’utilisation d’échafaudages métalliques. Il a d’ailleurs précisé avoir rencontré des représentants du secteur pour discuter d’un abandon progressif du bambou.