Trump somme le ministère de la Justice d'enquêter sur d'anciens collaborateurs
Donald Trump a sommé mercredi 9 avril le ministère de la Justice de mener des enquêtes sur deux ex-collaborateurs du temps de son premier mandat à la Maison Blanche, dont un qu'il accuse de «trahison», une démarche extrêmement inhabituelle venant d'un président américain. Sont visés Miles Taylor, ancien membre du ministère de la Sécurité intérieure (DHS), et Christopher Krebs, lui ancien directeur de l'Agence de cybersécurité américaine (CISA). Dans deux documents présidentiels les ciblant séparément et qu'il a signés dans le Bureau ovale dans l'après-midi, Donald Trump donne pour directive au ministère de la Justice d'ouvrir des enquêtes sur leurs activités respectives.
Le premier, alors en poste au DHS, avait écrit en 2018 une tribune dans le New York Times éreintant le président républicain, sous le pseudonyme «Anonymous». «La racine du problème est l'amoralité du président», fustigeait-il, en l'accusant de prendre «des décisions à moitié réfléchies, mal informées, et parfois irresponsables». Miles Taylor avait ensuite révélé son identité en publiant un livre intitulé A Warning («Un avertissement») après avoir quitté l'administration américaine. Selon un des conseillers de la Maison-Blanche, Will Scharf, il lui est reproché d'avoir «divulgué des informations confidentielles» et «formulé des allégations scandaleuses» à propos du premier gouvernement Trump.
«Je me souviens à peine de lui. C'est quelqu'un qui est parti, qui a écrit un livre et dit toute sorte de choses terribles. Que des mensonges», l'a attaqué Donald Trump. «Je pense que c'est un traître. C'est comme de l'espionnage. Je pense qu'il est coupable de trahison, si vous voulez tout savoir.» «Peut-on écrire un livre sur des réunions très confidentielles ? On va savoir si quelqu'un est autorisé ou non à faire ça. C'est une affaire très importante», a-t-il estimé. Miles Taylor a réagi sur X aux directives présidentielles en affirmant avoir prédit que le milliardaire républicain se comporterait comme tel. «La différence d'opinion n'est pas illégale. Ce n'est certainement pas de la trahison. L'Amérique prend une orientation bien sombre», a-t-il écrit.
«Il aura un lourd prix à payer»
Deuxième cible du président républicain, Christopher Krebs a lui été renvoyé par Donald Trump en novembre 2020 après avoir rendu un rapport établissant qu'il n'y avait aucune preuve de fraude dans l'élection présidentielle de 2020, remportée par son adversaire démocrate Joe Biden. Il l'avait alors décrite comme la «plus sûre de l'histoire américaine». «Nous saurons si l'élection a été régulière ou non, et si elle ne l'a pas été, il aura un lourd prix à payer», a menacé Donald Trump, en traitant l'ex-dirigeant d'«imposteur» et en répétant une fois de plus ses accusations de scrutin truqué.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, celui qui est le premier président américain condamné au pénal s'en est pris à nombre d'anciens responsables qu'il considère comme des ennemis politiques, leur retirant notamment l'accès à des informations confidentielles. Mais il semble qu'il n'avait pas jusque-là donné directement pour instruction au ministère de la Justice, en théorie indépendant, d'ouvrir des enquêtes sur des opposants politiques.