Gaza : au moins 40 personnes tuées lundi, dont la moitié près d'un site de distribution d'aide
Au moins 40 personnes ont été tuées par des tirs israéliens lundi 16 juin dans la bande de Gaza, dont la moitié près d'un site de distribution d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), a déclaré lundi le ministère gazaoui de la Santé.
Selon des médecins, au moins 20 personnes ont été tuées et 200 autres blessées près d'un centre de la GHF à Rafah, dans le sud de l'enclave palestinienne.
Depuis l'ouverture des centres de la fondation soutenue par les États-Unis et Israël pour remédier au blocus humanitaire imposé par l'État hébreu, des dizaines de civils ont été tués par des tirs israéliens alors que les distributions d'aide tournaient au chaos.
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La GHF, qui opère dans la bande de Gaza sur trois sites surveillés par l'armée israélienne, est vivement critiquée par les Nations unies, qui estiment que la distribution est inadéquate, dangereuse et viole les principes d'impartialité humanitaire.
L'armée israélienne n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire sur les tirs de lundi. Lors des incidents antérieurs, elle a reconnu que ses troupes avaient ouvert le feu, mais en réplique à des actes de violence provoqués par des Palestiniens.
"Un piège, une tuerie"
Les familles des victimes de lundi se sont rassemblées à l'hôpital Nasser pour pleurer les morts, enveloppés dans des linceuls blancs.
"Nous sommes allés là-bas en pensant obtenir de l'aide pour nourrir nos enfants, mais cela s'est avéré être un piège, une tuerie. Je conseille à tout le monde de ne pas y aller", déclare Ahmed Fayad, Gazaoui ayant tenté de récupérer de l'aide lundi.
Philippe Lazzarini, directeur de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a déclaré dans un message sur X : "Des dizaines de personnes ont été tuées et blessées ces derniers jours, y compris des personnes affamées qui tentaient d'obtenir de la nourriture dans le cadre d'un système de distribution mortel."
Avant la mise en place du nouveau système de distribution de colis alimentaires, les agences de l'ONU telles que l'Unrwa étaient chargées de distribuer l'aide aux 2,3 millions d'habitants de Gaza, dans des centaines de sites répartis sur l'ensemble du territoire.
Israël affirme avoir dû restreindre la distribution gérée par les Nations unies car les membres du Hamas détournaient l'aide alimentaire. Le groupe palestinien nie toute malversation et affirme qu'Israël se sert de la faim comme d'une arme à Gaza.
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"Rhétorique inquiétante et déshumanisante"
Philippe Lazzarini indique qu'Israël n'a pas levé les restrictions imposées aux agences de l'ONU, dont l'Unrwa, pour l'acheminement de l'aide, malgré l'abondance de l'aide prête à être acheminée dans l'enclave.
Dimanche, le Cogat, l'agence israélienne de coordination de l'aide militaire, a déclaré avoir facilité cette semaine l'entrée à Gaza de 292 camions transportant de l'aide humanitaire des Nations unies et de la communauté internationale, notamment de la nourriture et de la farine.
L'agence précise que l'armée israélienne continuerait à autoriser l'entrée de l'aide humanitaire, tout en veillant à ce qu'elle ne tombe pas dans les mains du Hamas.
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Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, au moins 300 personnes ont été tuées dans des incidents avant celui de lundi, et plus de 2 600 blessées.
À Genève, Volker Türk, responsable des droits de l'Homme à l'ONU, a déclaré lundi au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies qu'Israël avait "militarisé" la nourriture à Gaza. Il a réitéré son appel à l'ouverture d'une enquête sur les tirs de l'armée israélienne près des sites de distribution du GHF.
"Les moyens et les méthodes de guerre d'Israël infligent des souffrances horribles et inadmissibles aux Palestiniens de Gaza", a déclaré Volker Türk. "La rhétorique inquiétante et déshumanisante des hauts responsables du gouvernement israélien rappelle les crimes les plus graves", a-t-il ajouté.
Avec Reuters