Guerre et paix : le président à fables
Guillaume Du Souich
Élu à la culture de paix à Villejuif
Le président Macron et ses équipes ont déjà habitué les Françaises et les Français aux fariboles en tous genres qui épuisent au quotidien et pervertissent la lecture du réel, inversant les responsabilités à chaque fois que l’opportunité se présente.
L’allocution télévisée du 5 mars 2025 est encore un cran au-dessus dans ce numéro d’affabulateur et il est indispensable de la dénoncer pour ce qu’elle est ; une véritable prestation de propagande de guerre, dont les conséquences les plus dangereuses sont qu’elle contribue aux logiques qui détruisent les conditions de la vie humaine sur Terre.
C’est de la propagande parce que cela répond au principe de base qui consiste à faire porter sur l’autre l’ensemble de la faute pour en faire un ennemi indépassable. C’est oublier un peu vite l’augmentation continue des dépenses militaires, pour en arriver à un triplement en l’espace de vingt-cinq ans, contrairement aux engagements de la communauté internationale.
C’est oublier qu’en 2008 le président Sarkozy a décidé d’adhérer à l’Otan plutôt que d’obtenir sa dissolution. C’est oublier aussi qu’en 2020 le président Macron a déclaré, devant l’état-major au grand complet, que le cadre de l’ONU ne répondait plus à son analyse de la géopolitique et à son idée de manœuvre. Dans la montée aux extrêmes qui construit graduellement les conditions de la guerre totale, ces étapes comptent autant que les autres et les éléments sont nombreux qui jalonnent le chemin qui nous mène à la catastrophe annoncée.
Le danger, c’est la destruction de nos conditions de vie, car, outre l’avertissement d’Einstein concernant l’arme nucléaire, il y a l’extrême urgence écologique. Nous ne devrions pas pouvoir faire sans la considération que nécessitent les transformations écologiques et leurs dérives exponentielles. Des dérives dans lesquelles la prise en compte de l’impact des opérations militaires sur la planète est un véritable angle mort. Sortons de ces fables que le président nous vend. La question n’a jamais été, pour les esprits clairvoyants de nos anciens, celle des dividendes de la paix. La nécessité de la paix tient dans les conséquences matérielles de la guerre moderne, tout bêtement. C’est pour cela que la guerre est interdite.
L’alternative existe, elle consiste à renforcer les capacités d’arbitrage du grand absent du discours du président et de ses intentions. L’ONU est le levier de résolutions de l’ensemble de ces questions, hier comme aujourd’hui. Les besoins humains sont la seule boussole pour ceux qui ont compris que l’antique adage, « Qui veut la paix prépare la guerre », est rendu caduque par notre niveau de technicité et les capacités d’autodestruction inhérentes aux inventions du siècle passé. Qui veut la paix prépare la paix, c’est cela la réalité du XXIe siècle et la coopération est la seule bouée de l’humanité face à la déferlante des transformations qui nous menacent. Il est nécessaire d’en avoir conscience, d’en avoir le courage politique et de faire face à cette complexité sans jamais déroger aux principes de dignité qui nous lient collectivement.
Le rôle du gouvernement de la France, pays hôte de l’Unesco, est de créer l’espace diplomatique pour négocier un effort commun qui embarque toute la communauté internationale. C’est cela la voie des solutions qui résolvent les conflits dans le cadre du droit international ; seul capable de nous empêcher de commettre les violences qui accompagnent les stratégies de conquêtes et les logiques impériales.
Nous le savons bien, l’histoire nous l’enseigne et il va être nécessaire de le faire entendre pour stopper net cette machinerie, qui nous promet de tout dévaster si elle mobilise les forces armées et engage nos sociétés vers la guerre totale qu’on s’apprête à entériner. Désarmer pour développer en se conformant à des critères de durabilité, c’est la règle d’airain de nos générations et il est plus que temps de l’appliquer en commençant par sortir de cette impasse qu’est l’Otan et en donnant à l’ONU l’ensemble des moyens nécessaires à l’application de son mandat, sans plus aucunes distorsions de ses résolutions.
1 000 milliards pour la paix c’est la mesure de ce qu’il est nécessaire d’obtenir pour confirmer le socle de la Déclaration universelle des droits humains et ne pas sombrer dans une ère d’inégalités et d’hyperviolences, hypothéquant la vie sur Terre.
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