Jeux olympiques 2030 : quelle tête d'affiche pour porter la flamme
Le président du comité d'organisation s'installe comme le visage, la voix du projet, du défi, de l'événement. Comme Tony Estanguet lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Après avoir partagé les responsabilités avec Bernard Lapasset en tant que coprésident du Comité de candidature de 2015 et 2017, le triple champion olympique de canoë s'est, au fil des mois et des années, avancé comme le moteur, l'infatigable porteur de flamme.
Les Jeux d'hiver 2030 attribués aux Alpes françaises le 24 juillet dernier se construisent. Ils ont été accompagnés le 2 octobre de la signature de Michel Barnier pour les garanties financières de l'État et sont sur la piste de la tête de gondole. Un choix crucial. Jean-Claude Killy-Michel Barnier (JO d'Albertville 1992), Michel Platini-Fernand Sastre (pour la Coupe du monde de football 1998) ont constitué de solides atouts pour les projets. Porté par deux régions (Sud-Provence-Alpes-Côte d'Azur et Auvergne Rhône-Alpes), le projet des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver 2030 multiplie les envies et les pistes, réclame de la concertation à tous les étages, notamment politiques.
Martin Fourcade semblait taillé pour le poste, lui qui a été présenté comme le « Tony Estanguet des montagnes » par Emmanuel Macron. En août, l'ancienne légende du biathlon résumait : « La formule est rigolote. Je l'ai dit, ma position n'a pas trop bougé depuis, j'ai besoin de terminer les engagements que j'ai pris avant de me projeter sur une suite, qu'elle soit à l'intérieur ou non du comité d'organisation. »
Mais... « La piste Martin Fourcade ne serait plus du tout une évidence. L'intéressé n'a jamais caché son intérêt pour le projet. Mais il aurait posé comme condition de bénéficier du titre, et surtout des pouvoirs, de président exécutif. Le Catalan ne veut pas être un homme de paille », éclaire le site spécialisé Francs Jeux. « Je constate qu'il y a déjà beaucoup d'hommes et j'aimerais bien une présence féminine plus importante », confiait Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d'Azur, au Figaro début octobre. Le site Ski Chrono a avancé plusieurs profils : Marie Martinod (40 ans), skieuse acrobatique, spécialiste du half-pipe (médaillée d'argent lors des JO de Sotchi en 2014 et de Pyeongchang en 2018), membre de la commission des athlètes de haut niveau du CNOSF, reconvertie dans les médias (elle intervient notamment sur RMC ou France Télévisions) et Vincent Jay (39 ans), le premier champion olympique de l'histoire du biathlon français à Turin en 2010, devenu ensuite directeur des sports de Val d'Isère avant d'être nommé directeur de projet pour la candidature des Alpes françaises.
Dernière personnalité citée : Amélie Oudéa-Castéra. L'ancienne ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques (mai 2022-septembre 2024) a pour elle d'avoir œuvré dans les coulisses de Paris 2024. Elle connaît le dossier, les rouages, les enjeux. Renaud Muselier a toutefois résumé sur RMC : « Amélie Oudéa-Castéra, c'est une ancienne ministre, elle n'est pas Killy. C'est une sportive, elle fait du tennis, mais c'est plutôt un sport d'été, pas un sport d'hiver non ? Donc je suis plutôt sur un sportif de haut niveau, avec des médailles, piloté et désigné par le Comité national olympique. » Et de rappeler : « Je suis dans une logique Barnier-Killy, j'ai grandi dans cette structure-là. Je voudrais reproduire un peu cette même structure. Jean-Claude Killy était un grand champion. Michel Barnier est un grand responsable politique. Ils ont fabriqué ce résultat exceptionnel. Moi, je suis dans la même logique... »
Une réunion annoncée d’ici à la fin du mois avec le Premier ministre devrait permettre d’avancer sur le sujet qui devient urgent, à moins de cinq ans et demi de l’événement planétaire. Seule certitude : Tony Estanguet n’enchaînera pas Jeux d’été et Jeux d’hiver.