Notre critique de Predator :Badlands, un safari saignant qui offre du sang neuf à la saga

D’emblée, on sent le poids des décennies peser sur ses épaules. Depuis près de quarante ans, les Predators sont considérés comme d’implacables chasseurs qui traquent leur proie pour le plaisir, et non sans une certaine noblesse. Immortalisée pour la première fois en 1987 par le grand John McTiernan, cette race alien baptisée les Yautjas se payait le luxe de venir s’offrir des chasses d’agrément sur la planète comme dans la nouvelle Coup de tonnerre de Ray Bradbury.

Dans le blockbuster originel musclé et novateur de McTiernan, l’un d’entre eux tombait sur Arnold Schwarzenegger, en Major Dutch bien décidé à survivre. Mc Tiernan avait eu l’idée de génie de confier la création de ce puissant antagoniste extraterrestre (doté d’une sorte de cape d’invisibilité) à Stan Winston, responsable des effets spéciaux et maquillages sur The Thing de Carpenter ou Terminator de Cameron. C’est Winston qui imagine ce «guerrier rasta à dreadlocks avec des mandibules», fixant ainsi pour de nombreuses générations le visage insectoïde du Predator.

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Six films et une mini-série animée plus tard, voici que débarque sur nos écrans Predator : Badlands. Aux commandes de ce septième film, on retrouve Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) qui s’était déjà frotté à cette licence en 2022 en réalisant Prey. Concernant l’intrigue de ce nouveau long-métrage, il n’est cette fois plus question de jouer dans la cour des Chasses du comte Zaroff, mais plutôt d’inverser la proposition.

Exit, la Terre. Bienvenue sur Yautja Prime, où les spectateurs font rapidement connaissance avec Dek, un Predator novice et faible (Dimitrius Schuster-Koloamatangi). Exclu du clan par son père, ce jeune guerrier inexpérimenté ne pourra réintégrer sa tribu que s’il lui rapporte la tête du terrifiant monstre Kalisk vivant sur l’inhospitalière planète Genna.

Banco! En inversant judicieusement les points de vue, Predator : Badlands permet de revivifier l’univers développé par la franchise depuis 38 ans. Le Predator devient le héros du film, ce qui insuffle du sang neuf à la mythologie déjà bien implantée dans la pop culture.

L’hybridation avec la saga Alien, l’autre licence horrifique de Disney entamée en 2004 avec le film Alien vs Predator, fait également apparaître la redoutable Weyland-Yutani corporation, firme tentaculaire qui réserve à l’intrigue son lot de rebondissements violents et autres trahisons en tout genre.

Elle Fanning, dose d’humanité

Pourtant, l’intérêt de ce récit d’apprentissage doublé d’une quête initiatique est ailleurs. Blockbuster d’anticipation en forme de safari sanglant bourré d’action, Predator : Badlands s’offre surtout le luxe de la présence d’Elle Fanning en androïde brisée tout à fait séduisante. La jeune actrice découverte par le grand public dans le Twixt de Coppola livre une performance mémorable dans un double rôle d’automate abîmée.

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Dans la peau de Thia, moitié d’être synthétique plein d’entrain malgré les circonstances, Elle Fanning apporte au film sa dose d’humanité et de fraîcheur. La dynamique du «buddy movie» s’enclenche de manière tout à fait improbable. Et c’est peut-être cela qui confère à ce divertissement aussi bourru qu’aventureux ce petit supplément d’âme qui manquait aux autres films.