Football : le Real Madrid et la malédiction des «Marquee Players»

Ce mardi soir, les Merengue ont subi une lourde défaite lors du quart de finale de Ligue des Champions. Le 3-0 apparaît, pour certains, comme la supériorité (d’un soir ?) des Gunners, ou pour d’autres la résultante d’un effectif 2024/25 mal équilibré. Si, sur le plan sportif, les statistiques du match peuvent confirmer les deux analyses, il semble que l’arrivée de Kylian Mbappé à la Maison Blanche est probablement une des explications de ce score. À se demander si trop de joueurs de grand talent n’est pas un frein à la performance collective ?

Le terme de «Marquee Player» nous vient des États-Unis. Quel que soit le sport, chaque franchise cherche à recruter dans son effectif une star ayant la capacité d’être sportivement décisive pour son équipe, mais également une marque individuelle hyper attractive sur différents marchés de l’Entertainment auprès des partenaires, équipementiers, médias, jeux vidéo voire destinations touristiques. Et ce n’est pas un phénomène nouveau. Pour la NBA, la notoriété des Chicago Bulls est indissociable de la carrière de Michael Jordan. Idem pour les Rangers de NY en NHL via Wayne Gretsky, ou Joe Montana et les 49ers de San Francisco en NFL.

En signant Luis Figo (2000), Zinedine Zidane (2001), Ronaldo (2002) et David Beckham (2003), Florentino Perez avait tenté d’adapter cette stratégie américaine au football. Si la période des Galactiques reste clairement une réussite côté marketing, l’efficacité sportive s’est avérée plus relative : «une» seule C1 et deux titres en Liga.

Un Marquee Player, ça va mais trois, bonjour les dégâts !

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le PSG made in QSI en alignant Neymar, Mbappé et Messi a battu tous les records … de revenus sans jamais confirmer sur le rectangle vert. Combien de commentaires ont souligné que ce PSG-là était l’équipe qui parcourrait le moins de kilomètres par match. Si courir beaucoup ne garantit pas de gagner, c’est pour autant un indicateur de l’engagement défensif. Le fait est que le Real Madrid de la saison passée a su réaliser un triplé (15e Champions League, 13e Super Coupe d’Espagne, 36e Liga) grâce à un Vinicius excellent.

Les stats du Real Madrid en termes de kilomètres parcourus Observatoire du Sport Business

Paradoxalement, le transfert du capitaine des Bleus semble avoir été plus bénéfique pour Paris que son arrivée à Madrid. Sans lui, le Paris Saint-Germain n’est plus une somme d’individualités mais bel et bien une équipe. À l’inverse, en additionnant des candidats au Ballon d’Or dans son vestiaire, le Président de la Casa Blanca a visiblement créé une situation complexe à gérer, y compris pour un grand coach comme Carlo Ancelotti. À l’instar de Christophe Galtier qui n’avait d’autre option que d’aligner ses 3 fantastiques plus Angel Di Maria, l’entraîneur italien semble encore chercher une forme d’équilibre avec Bellingham, Mbappé, Vinicius Jr et Rodrigo. Chiffres à l’appui, ce mardi, les Merengue ont couvert 13 kilomètres de moins que leurs adversaires. Pire, l’embouteillage de stars offensives est donc contre-productif. Mbappé, Vincius et Rodrigo courent moins de 10 km de moyenne par match de cette Coupe d’Europe.

Même si une remontada n’est jamais à exclure dans un Bernabeu qui sera certainement incandescent, il est fort à parier que l’état-major madrilène travaille déjà au mercato estival pour corriger les défaillances constatées. Quitte à empiler des cracks sportivo-marketing, parions sur l’arrivée d’au moins deux tops joueurs, en défense et au milieu. Et si ça continue ainsi, pourquoi pas envisager un départ de … Vinicius !