PSG : Kolo Muani en Bleu et à Paris, deux salles, deux ambiances
«C'est un top joueur». Luis Enrique ne manque jamais de sortir la brosse à reluire lorsqu'il est question de Randal Kolo Muani. «Je suis très satisfait de lui», a-t-il souvent expliqué la saison dernière. Sauf qu'avec le coach espagnol, il y a les mots et les actes, et ses «actes en diront davantage que (ses) paroles», comme il l'avait dit au début de son mandat. Et la vérité, c'est que l'ancien Nantais part dans la peau d'un joker de luxe dans l'esprit de l'ex-coach du Barça, ni plus, ni moins. Titulaire et buteur au Havre (1-4), en levée de rideau, alors que plusieurs cadres étaient ménagés, «RKM» est sorti du banc contre Montpellier (6-0) et à Lille (1-3), encore un but face aux Dogues.
Il n'y a pas de raison que cela change tout de suite, même si avec l'approche de la Ligue des champions, et PSG-Gérone mercredi prochain, au Parc des Princes, «Lucho» pourrait être tenté de revenir à ses habitudes en matière de turnover en championnat. Kolo Muani et d'autres, comme Kang-in Lee ou le nouveau venu Désiré Doué, en profiteront peut-être pour obtenir plus de temps de jeu qu'à l'accoutumée et une place de titulaire contre Brest, ce samedi (21h), lors de la quatrième journée de Ligue 1. D'autant que la trêve internationale a apporté son lot de blessés, en l'occurrence Vitinha et Warren Zaïre-Emery. Toujours est-il que le natif de Bondy était arrivé l'été dernier pour 95 M€ afin de faire le match avec Ramos, débauché pour 80 M€ au total, en vue du poste d'avant-centre. Il a débuté les six derniers matches de C1 en 2023-24, avec seulement 42 minutes en cumulé sur la phase finale. Au final, le bilan chiffré de sa première saison (11 buts, 6 passes décisives) n'est pas infamant. Mais son statut et sa confiance sont érodés, c'est clair.
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Question de profil
Problème ? Le côté droit appartient à Ousmane Dembélé, tandis que Bradley Barcola a pris possession de l'aile gauche. Et dans l'axe, on a compris que Luis Enrique n'apprécie que moyennement le profil de Randal Kolo Muani. Pour lui, un numéro 9 doit être un «target man» qui touche peu de ballons ou un joueur qui redescend pour apporter le surnombre au milieu. Dans ces conditions, les espoirs du numéro 23 parisiens ne peuvent qu'être limités. Le départ de Kylian Mbappé n'a donc pas ouvert un boulevard à l'ancien Canari.
En fait, si Nasser Al-Khelaïfi n'avait pas tant œuvré pour le recruter à Stuttgart et que son prix d'achat n'avait pas été aussi élevé, il y a fort à parier que l'intéressé aurait été exfiltré, comme Manuel Ugarte. Pour jouer au PSG, il faut rentrer dans le moule de Luis Enrique. Ça ne remet pas en cause les qualités de «Kolo», mais c'est comme ça. C'est aussi pour des questions de compatibilité techniques et tactiques que Luis Enrique n'a pas poussé pour attirer Victor Osimhen. «Si vous regardez les deux derniers matches, en 9, on peut jouer avec Asensio, Kolo Muani, Ramos, Barcola, Dembélé, mais aussi Warren, Hakimi, Vitinha, Neves, Fabian… Ça fait 10. Même chose avec les défenseurs. J'ai un effectif très versatile, beaucoup de joueurs qui peuvent jouer à beaucoup de postes», jurait Luis Enrique avant le match à Lille.
Charge à Kolo Muani de trouver sa place. Et de profiter de chaque minute qui lui sera donnée pour se montrer. «Si quelqu'un marque 40 buts, on ne fermera pas les portes. Mais si on a quatre joueurs qui marquent 12 buts, ça fait 48 au total, donc c'est encore mieux», souriait le technicien espagnol avant la fin du mercato. Un marché des transferts lors duquel le Paris Saint-Germain a donc attiré Doué après avoir échoué dans le dossier Khvicha Kvaratskhelia.
Lorsque j'ai à faire appel à lui, il répond.
Didier Deschamps
Kolo Muani fera-t-il partie de ces joueurs à 12 buts en fin de saison ? À voir. En attendant, l'intéressé peut se réjouir d'avoir la confiance de Didier Deschamps. Invité surprise à la Coupe du monde 2022, il fait désormais partie des habitués du Château. Et il était attendu dans le 11 face à l'Italie, avant de devoir déclarer forfait à la dernière minute, malade. «Il est en confiance avec nous. Vous connaissez la situation dans son club. Il peut occuper plusieurs positions. Il avait de très bonnes intentions mais il a eu ce petit problème à la veille du match qui l'a empêché d'être disponible mais il sera concerné pour le match de lundi, il va bien», avait indiqué «DD» avant France-Belgique. Et il a tenu parole, confiant à Randal Kolo Muani un rôle de titulaire lors de la victoire 2-0 face aux Diables rouges, à Lyon.
Meilleur buteur des Bleus en 2024
Le joueur de 25 ans n'en a pas profité pour signer le match de l'année (6 dans les notes du Figaro ). Mais il a brillé par son sens du devoir au Groupama Stadium. Et il a marqué, encore. Le meilleur buteur de l'équipe de France en 2024, c'est lui. Improbable mais vrai. Un but tout en rage, tout en puissance, comme pour se libérer du carcan qui est le sien au Paris Saint-Germain.
«Avec nous, il marque, il est dans un climat de confiance, mais ça fait depuis un bon moment, constatait Didier Deschamps après France-Belgique. Même s'il a encore des choses à améliorer… Avec son club, même s'il n'a pas joué les matches entiers, il a marqué, dont le dernier de la tête (contre Lille). C'est bien. Ça fait un moment qu'il est avec nous. Il ne fait pas toujours partie des titulaires mais je sais que lorsque j'ai à faire appel à lui, il répond».
À noter que les trois buts français du dernier rassemblement ont été inscrits par… trois joueurs du PSG, Kolo Muani, Ousmane Dembélé et Bradley Barcola. «Je n'ai aucun doute quant au fait qu'ils vont jouer ensemble sur de nombreux matches. Ils s'entendent très bien et je peux le vérifier tous les jours à l'entraînement», glisse Luis Enrique, qui en a remis une couche, avant Brest, sur la polyvalence de ses joueurs, notamment pour le poste d'attaquant axial, dévolu à Marco Asensio en ce début de saison. «J'ai de nombreuses options à ce poste et d'autres. J'aime toutes ces options, chacune apporte des choses différentes, avec Marco Asensio, Randal Kolo Muani, Kang-in Lee, Désiré Doué, Joao Neves… On est dans une situation de polyvalence et on a la certitude que les joueurs qui seront amenés à jouer le feront de la meilleure manière. Je suis donc très tranquille», avoue-t-il, malicieux.
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Enfin libéré ?
Deux salles, deux ambiances entre club et sélection pour l'ancien Canari. Luis Enrique n'en disconvient pas mais veut voir le verre à moitié plein : «J'essaie, avec mes outils, de révéler la meilleure version de tous les joueurs. On le connaît, un joueur de très haut niveau. Il y a beaucoup de pression sur lui parce qu'il est revenu dans son club, sa ville, les problèmes sur son transfert... Je cherche la meilleure version de Kolo Muani. Je le vois chaque jour plus en confiance, plus relâché. Il a marqué des buts, et ça permet forcément de mieux conditionner un attaquant. J'ai aimé ce que j'ai vu l'an dernier, j'ai aimé cette version de Kolo Muani, on peut l'améliorer, et je pense que vous verrez une version plus libérée de Kolo Muani, plus capable de trouver sa plénitude. Quand il s'exprime au meilleur de ses moyens, c'est un joueur de très haut niveau». Reste à savoir s'il y arrivera au Paris-SG comme c’est le cas en Bleu.