Récits de certains faits, de Yasmina Reza: scènes de tribunal

Est-ce du cinéma italien ? Délicatesse de l'image, atmosphère sensible, quelques notes de musique, le sourire qui se dessine et les larmes qui montent aux yeux. Est-ce du dessin ? Croquis, esquisse, mi-Sempé, mi-Tardi. De la photo, même, qui montre le temps sur les visages et les carcasses qui se rapetissent ? C'est Yasmina Reza qui, dans son dernier livre, met bout à bout les instantanés de sa vie et ceux du Palais de justice où, pendant plusieurs mois, pour plusieurs affaires, elle est venue s'asseoir. Les Choses vues d'Hugo n'étaient que barricades, ministères, loges au théâtre. Celles de Yasmina Reza oscillent entre le tableau commun de l'existence et les impressions au tribunal. Ça commence à Venise, où les vieux couples marchent côte à côte comme les pigeons. Les dos voûtés, les rides : l'assassin le plus évidemment coupable de ce livre, c'est le temps. Ses victimes disent en une attitude, une démarche, un regard, la dignité, malgré tout, de notre condition.

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